EDUCATION DES ENFANTS (13): LA MODESTIE
Après avoir passé en revue le problème de l’orgueil, nous nous intéressons maintenant à une qualité essentielle en Islam, la modestie.
La modestie a été grandement recommandée par le Saint Coran et la Tradition. La modestie ne doit pas tomber dans l’excès, car la flagornerie est réfutée par l’Islam. L’origine de la vraie modestie doit être la noblesse et le respect du droit des autres, et non pas une faiblesse personnelle. Une personne modeste est sûre d’elle-même et ne ressent pas d’humiliation intérieure. On rapporte de l’Imam Ali paix sur lui concernant le comportement des croyants:
"D’un tempérament facile et d’une nature avenante, au for intérieur plus solide que le roc et plus modeste que l’esclave"
(Voie de l’Eloquence – trad.Fayz -, p.1234).
سهل الخليقة ليين العريكة نفسه اصلب من الصلد و هو اذل من العبد
La modestie qui trouve sa racine dans l’humiliation intérieure ou la cupidité n’est pas authentique et ne permet pas de s’élever spirituellement. Au contraire, elle peut aboutir à un rabaissement de l’individu. L’Islam accorde une importance particulière au respect de la dignité du croyant et l’on rapporte du Saint Prophète de l’Islam paix sur lui et sa pure famille:
"Il n’est pas permis au croyant de s’auto-humilier"
(Tarikh Ya’qubi, p.67)
قال رسول الله صلى الله عليه و آله: لا يحل لمؤمن ان يذل نفسه
Les lois de l’Islam insistent sur la noblesse des musulmans et il n’est pas permis, dans le gouvernement islamique, de les humilier en aucune façon, car la tâche d’un gouvernement islamique est de former un peuple libre et courageux. Cela vaut également au niveau individuel. Il n’est pas permis de faire ses ablutions avec de l’eau, si cela nécessite de s’humilier pour l’obtenir, et il faut alors lui préférer l’ablution sêche - tayyamum. Un recueil jurisprudentiel assume ainsi que "si on lui donne l’eau sans qu’en devienne redevable, et sans avilissement,, il faut l’accepter" (Urwat al-wuthqa, question 17). Ali ibn Abi Talib paix sur lui rapporte du Saint Prophète paix sur lui et sa famille: le saint prophète entra dans une assemblée de compagnons, qui le saluèrent avec entrain et le qualifièrent de maître.
Le Saint Prophète devint très mécontent puis dit: "ne dites pas cela, mais dites: bienvenue à notre prophète et au messager de notre Seigneur, dites la vérité et n’exagérez pas dans vos paroles, afin d’éviter l’égarement".
(Ja’fariyyat, p.184)
فغضب رسول الله صلى الله عليه و آله غضبا شديدا ثم قال لا تقولوا هكذا و لكن قولوا مرحبا بنبينا و رسول ربنا قولوا السداد من القول و لا تقولوا في القول تمرقوا
Par ailleurs, pendant le régime gouvernemental de l’Imam Ali paix sur lui, Ali ibn Abi Talib paix sur lui ordonna qu’on écrivât les requêtes, plutôt qu’on les dise par oral, afin d’éviter de voir le visage désabusé du demandeur. (Thamarat al-awraq, t.2, p.244). Nous avons déjà souligné le puissant instinct d’amour propre qui anime indifféremment tous les individus. Donc, le mécanisme de la flagornerie débute avec un sentiment caché d’abaissement que l’individu transforme, pour des raisons complexes, en un comportement étrange, fait de flatterie et de flagornerie qui conduit in fine l’individu à s’avilir.
On peut remonter à l’origine de ce phénomène complexe. La sévérité excessive des parents peut générer un sentiment de stress et d’incertitude chez l’enfant, si bien qu’il se retrouve isolé et malaimé, ne trouvant pas la possibilité de s’épanouir affectivement et spirituellement. Il éprouve un sentiment perpétuel de manque, étant incapable de se fixer quelque objectif déterminé, ne se donnant pas le droit d’exprimer sa personnalité réelle et son indépendance d’esprit. En un mot, cet enfant n’ose pas s’affirmer avec force et reste en retrait. Si cet enfant est capable d’oublier le comportement ignorant et méprisant de ses parents envers lui, il deviendra capable de voler de ses propres ailes, s’affirmant comme un membre actif et utile de la communauté dans laquelle il vit. A l’inverse, s’il est incapable de se départir de ces souvenirs amers, il risque de se prêter à l’humiliation permanente en se comportant de manière avilissante. De peur que les autres ne se comportent comme le firent autrefois ses parents et les siens à son égard, il préfère s’avilir lui-même afin d’éviter que les autres ne puissent le faire, et à ses yeux, il est préférable de s’avilir soi-même, plutôt que d’être avili par d’autres.
Une seconde raison peut être la pauvreté matérielle des parents, durement vécue par l’enfant et qui s’est transformée progressivement en un sentiment de faiblesse et d’abaissement chez lui. Pour ceux qui ont pu travailler dur pour s’en sortir et devenir en cela un modèle de réussite, ils ont su briser le cercle de l’humiliation et se libérer de ce sentiment prégnant d’avilissement. Pour les autres, ils continuent à nourrir dans leur for intérieur ce sentiment les rongeant et flagornent ceux qui, à leurs yeux, représentent ce qu’ils n’ont pas su devenir eux-mêmes. L’Islam par exemple, a condamné ceux qui s’abaissent devant les riches et qui les respectent uniquement pour leur richesse.
On rapporte ainsi du saint Prophète paix sur lui et sa famille: "Dieu maudisse celui qui respecte le riche pour sa richesse"
(Li’ali al-akhbar, p.128)
قال رسول الله صلى الله عليه و آله : لعن الله الغني لغناه
On rapporte de l’Imam Sãdiq paix sur lui qu’un jour, un homme fortuné vint voir le saint prophète et s’assit auprès de lui. Puis vint à son tour un pauvre homme (Usul Kafi, t.2, p.262). Quand le pauvre s’assit auprès du saint Prophète, l’homme fortuné tira son habit vers lui. Voyant cela, le saint prophète demanda: "tu as eu peur que sa pauvreté ne te touche?" Il dit : "non",
"- tu as eu peur qu’une partie de ta fortune lui revienne?
– non
- tu as peur qu’il salisse ton vêtement?
- Non
- Pourquoi alors as-tu tiré vers toi ton vêtement?
- O Messager de Dieu, la fortune qui m’accompagne jour et nuit m’éloigne de la réalité, m’embellit les choses laides, et m’enlaidit les belles choses. Pour compenser mon comportement regrettable, je donne la moitié de ma fortune à cet homme
- S’adressant à l’homme pauvre, le saint prophète demanda: acceptes-tu?
- Qui répondit: "Non".
- "Pourquoi", demanda l’homme fortuné
- car j’ai peur, si j’accepte cette fortune, d’être touché par le même mal que toi "
فقال رسول الله صلى الله عليه و آله للمعسر: أ تقبل؟ قال لا فقال له الرجل و لم؟ قال اخاف ان يدخلني ما دخلك
Source: FALSAFT, L’enfant selon la génétique et l’éducation, Téhéran: Bureau de la publication de la culture islamique. Téhéran
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