Foucault et la Révolution Islamique d’Iran (3)
Mohammad Bāqir Khorramchād
Foucault estime que la Révolution Islamique d’Iran n’a pas été animée par des motifs économiques ou financiers, car «les problèmes économiques auxquels l’Iran commençait, de l’époque, à affronter, n’étaient pas si importants de pouvoir conduire des centaines de milliers, voire des millions d’Iraniens, à descendre, à mains nues, dans les rues et à se faire face aux artilleries ». Il faut, donc, chercher, d’autres motifs à l’origine de cette Révolution.
D’après les analyses du philosophe français, c’était le chi’isme, en tant qu’une "école de lutte et de dévouement", qui en s’appuyant sur sa position, de toujours, qui consiste à la résistance et autocritique permanentes, et grâce à son influence profonde et déterminante sur les Chi’ites, a su se transformer en «un langage, un culte et une scène permanente d’un drame historique, où l’on peut placer une nation qui a mis sa vie et son avenir sur les deux plateaux d’une balance ».
Ceci dit, de l’avis de Foucault, le langage, la forme et le contenu religieux de la Révolution Islamique d’
Iran, ne sont pas accidentels. En tant qu’école de résistance face à l’oppression, le chi’isme a encouragé le peuple Iranien à s’élever et à résister, jusqu’à la dernière goutte de sang, devant le régime du Chāh.
"La volonté totalement commune" compte parmi les caractéristiques que Foucault a énumérées pour la Révolution Islamique d’Iran. Comme une conception théorique, la volonté commune est un mythe politique à l’aide duquel les juristes et philosophes essayent d’étudier ou justifier "les instances juridiques, politiques, sociales, etc." Il était, donc, impossible d’imaginer qu’une telle "volonté commune" puisse être concrétisée. Mais, Foucault affirme qu’il a, lui-même, aperçu et expérimenté "la volonté commune d’une nation", évoquant, en fait, ce dont il avait été, témoin, en 1978, en Iran. La volonté commune qui ne visait qu’à chasser le Chāh.
Foucault estime qu’un seul front existait, en 1978, en Iran: le peuple Iranien face au pouvoir politique régnant, qui tout en bénéficiant de toutes les armes, craignait de cette nation qui a révolté, d’après le philosophe français, à mains nues, contre un gouvernement qui était doté, sans aucun doute, de l’une des armées les plus équipées du monde, et d’une police qui n’hésitait pas à recourir à la violence et à la torture. Un régime qui s’appuyait sur les soutiens, directs et indirects, des Etats-Unis voire du monde entier. En plus de son pouvoir militaire et de son arme efficace qu’était le pétrole et sans oublier les soutiens moraux des grandes puissances mondiales, le Chāh d’Iran bénéficiait en même temps de tous les leviers qu’il sentait nécessaires pour sauvegarder son régime.
C’était face à un tel régime que le peuple Iranien a s’est soulevé. C’est ainsi qu’une nation a su mettre en scène sa volonté.
Source: Revue Le Débat, N:1, été 2004, PP.65-67.
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