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  • 20/5/2008
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Saadi, le poète humaniste du XIIIe siècle (1)

saadi

Arefeh Hedjazi

   Parmi les géants de la poésie persane, un nom brille d’une douceur et d’une verve particulière. Ce n’est ni celui de l’épique Ferdowsi, ni celui du roi des poètes mystiques Mowlânâ, ni celui du théologien conteur d’amour Nezâmi, et ni celui de l’immense Hâfez, à la poésie toute de grâce et de pure beauté. Ce géant se nomme Saadi, le sage poète, à la langue d’une saveur unique, à la plume vivace, l’inimitable qui porta à son point de perfection un genre qu’il renouvela entièrement, celui de la poésie et de la prose moralisante, tout en s’illustrant sans concurrent dans le domaine de l’ode lyrique.

   Saadi est l’auteur du Boustân (Le Verger), du Golestân (Le Jardin des Roses), d’un grand nombre d’odes lyriques, d’élégies, de poèmes satiriques et de panégyriques.

Son talent s’illustre autant dans la prose, comme on peut le voir dans le Golestân et ses divers morceaux en prose, que dans la poésie, qui constitue la plus grande partie de son œuvre.

   Il est difficile de présenter une biographie claire et linéaire de cet homme pourtant très célèbre tant la chronologie de sa vie s’est mêlée d’éléments qui visiblement ont été décrits par lui-même. Le talent de conteur et la riche expérience de la vie qu’a Saadi laissent transparaître un grand voyageur, mais a-t-il réellement fait tous les voyages dont il parle ou ne sont-ils que des cheminements imaginaires destinés à enrichir et à illustrer les enseignements moraux qu’il présente dans sa belle langue ? Tout ce que l’on sait avec certitude, c’est que Saadi fut avant tout un grand voyageur qui passa trente-cinq ans de sa vie loin de sa Shirâz natale.

golestan de saadi

   De fait, rares sont les écrivains persans anciens dont on connaît avec exactitude la trajectoire, puisque plusieurs siècles nous séparent souvent de ces auteurs, et que les anthologies existantes sont souvent copiées les unes des autres et ressassent les mêmes erreurs et imprécisions sur lesquelles les chercheurs sont obligés de se baser.

Cette part d’imprécision est d’autant plus remarquable que les légendes entourant un auteur sont à la mesure de son succès.

   Evidemment, quand un auteur est plus célèbre, plus d’informations sont également disponibles à son sujet, mais là encore, le travail à faire reste énorme. Ainsi, quand on parle d’un poète de la stature de Saadi, déjà célèbre de son vivant, il n’est pas facile de connaître tous les détails exacts de sa vie. En réalité, au moins en ce qui concerne la vieille littérature persane, les éléments biographiques les plus véridiques et précis sont souvent à rechercher dans l’œuvre même de l’auteur dont il est question. Mais, en ce qui concerne Saadi, la tâche n’est pas aussi simple puisqu’il est impossible de vérifier s’il prétend dire la vérité ou s’il ne souhaite qu’illustrer un récit moral. La plus vieille référence bibliographique à Saadi est à voir dans l’Anthologie des auteurs d’Ibn Al-Fovati (mort en 1322). Ibn Al-Fovati était, d’après ses propres dires, en correspondance avec le grand homme et lui avait demandé lors d’une lettre datée de l’an 1261, une copie de certains de ses poèmes arabes.

Dans cette notice, Ibn Al-Fovati fait une erreur en écrivant le prénom de Saadi, Mosleh, qui apparaît dans la première compilation disponible de ses œuvres complètes faite par un de ses concitoyens de Shirâz, nom répandu à l’époque, comme on peut le voir chez bon nombre d’artistes et de scientifiques de l’époque.

   Saadi était alors déjà connu sous le pseudonyme de Saadi et bénéficiait d’une célébrité parfaitement assise. Sur l’origine du nom de Saadi, les chercheurs tendent à penser qu’il provient du nom de l’émir local l’Atâbak Saad ibn Zangui le Solghori, ce qui est peu probable puisque la jeunesse de cet émir correspond à la fin de la vie du poète.

(A suivre…)

Source: Teheran.ir

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