Confidences avec et sur l’historien Robert Faurisson (2)
Entretien avec «L’Inconnue» par Robert FAURISSON 28 décembre 2007
XXX: La question des chambres à gaz et, par voie de conséquence, du nombre des victimes de l’Holocauste, tant juifs qu’Allemands et Palestiniens, est profondément tragique, et même vos ennemis ne sauraient vous reprocher de traiter le sujet à la légère, puisqu’ils considèrent que vous êtes non seulement un lâche, mais un individu pire qu’un assassin ordinaire, tout le contraire d’un humoriste, pour le moins. Votre ténacité donne de vous une image d’héroïsme tragique, même si vous tenez à faire savoir que vous connaissez des moments de faiblesse. Certains vous ont comparé à Giordano Bruno, dans le rôle du savant sur lequel s’acharnent les tribunaux, convaincus que ses théories mettent en péril leur autorité et l’équilibre de la société tout entière. Vous sentez-vous le Giordano Bruno de notre temps?
RF: Accusé d’hérésie par l’Inquisition, Giordano Bruno a été incarcéré pendant sept ans ; puis, en 1600, il a été brûlé vif après d’affreux supplices ; on lui a arraché la langue, qu’il avait impie. Une trentaine d’années plus tard, Descartes en tirera la leçon: mieux vaut s’avancer masqué (« Larvatus prodeo»). Nous n’en sommes plus à ces formes de répression. Pour ma part, depuis trente ans, mes adversaires m’infligent une sorte de supplice chinois particulièrement vicieux dont je vous passerai les détails. Il y a là, je vous en préviens, de quoi briser un homme et sa famille. Voyez, à Lyon, l’affaire Bernard Notin: on commence par s’en prendre à vos animaux familiers, puis à vos enfants, à votre femme, à votre personne physique et au libre exercice de votre métier; les chers collègues affectent de ne plus vous connaître et même, dans leurs assemblées délibératives, ils décident de vous sanctionner. Aucune vie sociale n’est plus possible. On vous chasse de l’université. Vous croyez trouver un refuge dans un pays lointain, sur un autre continent (l’Afrique); on vous y découvre et votre compte est bon. L’appareil de la justice et les médias ne vous laissent plus un instant de répit; vous croyez trouver un avocat et vous tombez sur un arriviste et un faiseur qui, désireux d’apaiser la partie adverse et de se concilier les juges, vous fait signer votre abjuration: en pure perte, car la meute n’en clatit que de plus belle. Votre femme exige le divorce, vous perdez la garde de vos quatre enfants, et vous voilà contraint à l’exil (au Mexique) parce que la presse française vous a marqué au fer rouge. Tout cela pour prix de trois lignes timidement révisionnistes que vous avez réussi à glisser dans une obscure revue scientifique; par le fait, cette dernière a précipitamment décidé de se pilonner elle-même et de rechercher dans toutes les bibliothèques les exemplaires de la livraison sacrilège afin de les détruire (par le feu?). Une chasse aux sorcières révisionnistes se déclenchera ensuite dans les universités lyonnaises; elle fera de célèbres victimes; enfin, en juin 1999, un grave incendie détruira dans sa majeure partie la bibliothèque interuniversitaire soupçonnée d’abriter des ouvrages révisionnistes; l’enquête de police commencera par découvrir qu’il s’agit d’un incendie criminel, puis, par un tour de main judiciaire, l’incendie sera décrété accidentel. Autorités politiques (Anne-Marie Comparini) et responsables médiatiques refuseront d’exiger des éclaircissements sur l’enquête en cours : l’affaire est étouffée. Le silence s’est fait sur cet incendie; moi, je ne l’oublie pas.
Personnellement, il m’est arrivé de craquer; mes proches et mes amis le savent. Puis, mes forces me sont en partie revenues et je suis remonté en ligne. Certains s’imaginent que les épreuves vous trempent ; ce n’est pas mon impression.
J’éprouve de l’indulgence pour les révisionnistes qui en sont venus à abjurer le révisionnisme mais je trouve détestables ceux d’entre eux qui, allant plus bas encore, se sont mis au service du camp adverse ou bien ceux qui se font gloire d’avoir été plus intelligents que tel révisionniste et plus fins tacticiens dans leur propre comportement face aux censeurs et aux juges. Ils se permettent alors d’en remontrer à celui qui a fait le sacrifice de sa tranquillité, sinon de sa vie.
XXX: D’un autre côté, au spectacle de votre entêtement et de celui de vos adversaires, absolument symétriques, on ne peut s’empêcher de trouver matière à rire. Je recopie par exemple les noms d’oiseau accumulés par Georges Wellers à votre endroit en 1987: «La ’star’ française du négativisme […]. Un homme bizarre, extravagant, voire anormal […]. Un aveugle volontaire […] un faux savant cherchant la contre-vérité, rien que la contre-vérité, la contre-vérité à tout prix […], un ignare […]. Le fantaisiste ou le démagogue qu’est Faurisson […] un cas de confusion mentale qui relève de la compétence des psychiatres […] un cas d’impudence motivée par des raisons politico-financières […] incorrigible et sans scrupules […] un grotesque […] stupide et illettré […]». Voilà pour le premier camp, dont l’hystérie et les hyperboles sont hilarantes.
RF: Dans sa philippique, titrée «Qui est Robert Faurisson?» (Le Monde juif, juillet-septembre 1987, p. 94-116), G. Wellers en a débité bien d’autres sur mon compte mais son intempérance lui a joué un tour. Emporté par son élan, il s’est pris à dénoncer également ce qu’il a appelé mon « instruction du niveau du baccalauréat, sinon au-dessous» (p. 111). Pour le coup, cette accusation m’avait intrigué. Depuis quelques années déjà, nous cherchions, Pierre Guillaume et moi, à savoir quels pouvaient bien être les diplômes universitaires de ce personnage au français approximatif et qui ne manquait aucune occasion de brandir ses titres, dont celui de « maître de recherches en physiologie au CNRS ». Lors d’un procès, la présidente d’un tribunal avait, à notre demande, tenté d’obtenir une réponse claire de l’intéressé. En vain. Par la suite, je décidais d’écrire directement à G. Wellers. Là encore en pure perte: dans ses réponses il esquivait la question et, à tout coup, excipait de son titre au lieu d’indiquer ses diplômes. Je pense qu’il ne possédait exactement aucun diplôme. Peut-être avait-il, tout au plus, entrepris quelques études scientifiques jusqu’à la licence (mais avait-il seulement obtenu cette licence?) dans un coin obscur de l’Union soviétique au cours des années 1920. L’homme est mort en 1991. Paix à ses restes ! En 2007, son accusation à mon encontre semble avoir inspiré plusieurs amis ou témoins de Robert Badinter qui, à la XVII e chambre, ont, sous serment, attesté de ce que j’avais usurpé mon titre de professeur d’université. La shutzpah de ces gens ne connaît pas de bornes.
XXX: Pour ma part, j’avoue que j’ai ri quand je vous ai vu saluer l’un des avocats qui vous persécutent depuis plus de vingt ans d’un très attentionné «Alors, cher maître, ça gaze, vos chambres à gaz?», avec votre «â» appuyé, d’un français qui appartient à une autre époque. On a l’impression que le couple infernal que vous formez avec ceux qui vous honnissent aurait sa place chez Edmond Rostand ou chez Alfred Jarry. On peut même dire que vous êtes entré dans le répertoire comique des jeunes, puisqu’ils disent maintenant «gazer» quelqu’un, là où on disait autrefois «chambrer». C’est une consécration indirecte, mais réelle, et les dictionnaires de la langue française devront en tenir compte!
Revenons au sujet. Cervantès a certainement été contaminé par sa créature quichottesque, tout le monde a reconnu Balzac dans Rastignac, Flaubert a proclamé «Emma Bovary, c’est moi»; j’ai l’impression qu’en tant que créateur de personnages de comédie, dans les spectacles que constituent les audiences de vos procès, où vous semblez mener les acteurs et le public par le bout du nez, vous êtes aussi un peu Molière, le Molière qui est dans les coulisses, et le Molière sur scène. Mais comment appelleriez-vous le type psychologique et social que vous avez en quelque sorte façonné, comme condensé de vos adversaires, après Harpagon, Tartuffe, Alceste, le Malade imaginaire et tant d’autres?
« De ce devoir sacré, la juste violence
Etouffe dans mon coeur toute reconnaissance;
Et je sacrifierais à de si puissants noeuds,
Ami, femme, parents, et moi-même avec eux»
Molière, Tartuffe, v.1880
RF: Vous avez raison de dire que j’aime à me payer la tête des avocats de la partie adverse. Je vais parfois jusqu’à les remercier de l’indigence de leurs prestations. Mettez-vous à leur place : on leur demande de défendre une thèse indéfendable et de prouver que deux et deux font six. Etonnez-vous qu’ils évitent le sujet de fond et qu’ils recourent aux expédients du métier: effets de manches, de robe, de bouche, de poitrail, mines éplorées, airs outragés, émotions feintes. Ce qui les rend nerveux, c’est qu’ils savent qu’au terme de l’audience ils risquent de s’entendre décerner de ma part, à haute voix, une note assortie d’un jugement. Les représentants du ministère public ont le droit de ma part à un traitement identique. Quant aux juges, je leur dénie poliment le droit de me juger au nom d’une loi d’exception et il m’arrive de souligner leur incompétence en matière de recherche historique. Ils ne m’intimident pas. Si tel président s’autorise à manifester à mon égard une hostilité de principe, ou bien je n’y prête pas attention ou bien je lui demande de changer de ton, et il en change. Il est possible que l’assistance en ressente quelque gêne ou bien, à l’inverse, quelque plaisir. Moi, cela ne m’amuse pas. Je ne suis ni à la fête ni au théâtre.
Je comprends néanmoins que vous me parliez de théâtre, de comédie ou de roman. Mes adversaires me font l’honneur de me comparer au Méphistophélès du Faust de Goethe, «l’esprit qui toujours nie» («der Geist der stets verneint»). Pour ma part, il advient que, leur rendant la politesse, je les décrive sous les traits de tel personnage de Molière (Gorgibus), de La Fontaine (Garo), de Fontenelle (Libavius), de Voltaire (Pangloss), ou de Céline («l’Agité du bocal» [comme Sartre], «Dur-de-Mèche» [comme Malraux] ou «mon assassin mou, mon assassin d’escalier» [comme Roger Vailland]), quand ce n’est pas de Shakespeare ou de Cervantès tandis que mon avocat évoquera Courteline ou Anatole France. Mais vous avez raison: si je me mets à la place du spectateur de ces procès révoltants et grotesques, ce qui lui vient probablement à l’esprit, ce sont surtout les personnages de Tartuffe pour les juges, de Maître Bafouillet, avocat du sapeur Camember, pour certains avocats des pieuses associations et, enfin, de don Quichotte pour votre serviteur. J’ai parfois conscience du ridicule de ma situation: je ressemble au nageur qui a l’air de vouloir remonter le Niagara à la nage. Dans ces moments-là, serais-je lourd comme Candide? Naïf comme l’enfant d’Andersen? Inconscient comme don Quichotte qui, se précipitant au secours d’une colonne de forçats enchaînés, se fait copieusement rosser par ceux qu’il vient pourtant de libérer? Après tout, le peuple allemand, dans son ensemble, ne me sait aucun gré de ce que je le défends contre une atroce calomnie; selon toute apparence, il se moque du fait que les révisionnistes lui permettraient de s’abstenir d’une repentance qui n’a aucune raison d’être; au contraire, Allemands et Autrichiens, dans leur ensemble, paraissent admettre la répression judiciaire et extrajudiciaire qui s’exerce contre le révisionnisme. Molière avait décidément tout vu et tout décrit du spectacle de la comédie humaine; il paraissait s’en amuser mais il en souffrait; il est mort dans son accoutrement de comédien. Dans le meilleur des cas, je mourrai à mon établi.
Sources:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Faust_(Goethe)
Plumenclume.net
Theses.enc.sorbonne.fr/document115.html
Fr.wikipedia.org
Mescladis.com
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