Théorie de la musique classique
Contrairement a la musique européenne, qui a développé depuis la Renaissance des harmonies tonales, la musique classique iranienne est modale. Elle repose sur douze modes (en arabe: maqãm), qui forment de grands systèmes mélodiques.
Chaque mode est compose de plusieurs thèmes mélodiques (gushé), qui se succèdent dans un ordre strict et qui sont puises dans un ensemble de plusieurs centaines de mélodies (entre 300 et 500).
Chaque mode porte un nom, parfois hérite de l’époque Sãssãnide, et se caractérise par une échelle de sons spécifique et une atmosphère bien typée: les sept dastgãhs sont les principaux, les cinq ãvãz leurs dérives. Citons, par exemple, le dastgãh-e Mãhur ou l’ãvãz-e Afshãri. On appelle radif l’ensemble des mélodies (gushé) et des modes (dastgãh, ãvãz) qui les englobe. La richesse des répertoires peut varier selon les traditions et les musiciens, et le radif a aussi influence des chansons ou des pièces rythmées qui n’en font pas partie.
L’
art du musicien consiste a suivre les séquences mélodiques des modes et a improviser leur épanouissement.
Selon son inspiration et en fonction de son auditoire, il peut varier a volonté ses intonations, ses effets et sa virtuosité, afin de revêtir le squelette des modes d’une chaire musicale. Chaque mode correspond a un type de personnalité, de contemplation et de sentiments; chacun se joue a un moment particulier de la journée et en certaines circonstances, et possède sa vertu propre sur l’auditoire.
Les noms des mélodies évoquent la lamentation, la mélancolie ou la voie de l’esprit. A l’intérieur des modes, les pièces se suivent dans un ordre détermine et toujours analogue: Ouverture - Introduction - Pièce rythmée - Mélodie (gushé) - Pièce rythmée - Chant- Pièce rythmée finale. Avec ses moments de tension et de repos, ses alternances rythmiques, instrumentales et vocales, la musique emporte les auditeurs dans une dramaturgie intérieure, jouant sur plusieurs registres de lame et actualisant une alchimie de sentiments
La gamme iranienne et ses intervalles sonores varient beaucoup et font l’objet de nombreuses discussions parmi les spécialistes.
Ce n’est qu’au XXe s. que la musique traditionnelle a été partiellement écrite en partition. Le système de notation occidental est pourtant peu approprié à une musique qui fait essentiellement appel à l’improvisation et dont la sève et les résonances intimes ne peuvent se transmettre que de bouche à oreille
Source: RINGGENBERG. Patrick, Guide culturel de l’Iran, éd. Rowzaneh, Téhéran, 2005, PP.205-206.
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