Ibn Sinã
Abu ’Ali Al-Hussayn Ibn ’Abdallãh Ibn Sinã, connu en Occident sous le nom d’Avicenne, est l’une des étoiles les plus brillantes qui ait resplendi au firmament pourtant richement constellé de la science du Moyen Âge musulman, avec Kindi (796-873), Fãrãbi (872-950), Rãzi (860-923), Birūni (973-1048) et Ibn Rushd (ou Averroès, 1126-1198).
Un homme au savoir encyclopédique et à la puissance créatrice titanesque, Ibn Sinã fut tout à la fois un éminent médecin, théoricien, un philosophe, tenant de la "philosophie Orientale", au rayonnement sans pareil, et un savant qui a illustré la chimie, la physique, l’astronomie et les mathématiques.
Ibn Sinã naquit en 980 de l’ère chrétienne à Afshana, une cité située actuellement en Ouzbékistan Soviétique, près de Boukhãrã. Cette ville était la capitale intellectuelle de la dynastie Sãmãnide, qui régnait sur tout l’Ést de l’Iran au Khorãssãn et en Transoxiane. Sa mère, Sitora, était fille d’un simple paysan de la région. Son père, ’Abdallãh, était fonctionnaire d’un zone de la région de Boukhãrã. Il était Chi’ite.
C’est ainsi que le jeune Hussayn apprit le Fiqh, cette discipline qui scrute les profondeurs insondables de la sainte loi de l’Islam. En mathématiques, il fut l’élève du célèbre Abu ’Abdallãh Al-Nãtili. Puis il apprit la physique, la métaphysique et surtout la médecine qu’il étudia avec Abu Sãhl Ibn Yahyã Al-Jurjãni et peut-être Abu Mançūr Hassan Ibn Nūh.
A dix ans, il connaissait le Coran par cœur. A seize ans, il avait maîtrisé toutes les sciences de l’époque et exerçait déjà son activité de médecin, qu’il ne cessera d’exercer jusqu’à sa mort à l’âge de cinquante-sept ans, le vendredi 18 juin 1037, dans le désert près de
Hamedãn.
Ibn Sinã mena une vie errante, passionnante et passionnée. Il fut au sein de l’empire Iranien, au service des divers princes de l’époque. Sa langue maternelle était persane, mais il composa la quasi-totalité (95%) de ses ouvrages en arabe, la langue scientifique de l’époque. Une vie aussi tout entière tournée vers la création: Ibn Sinã avait le don d’écrire en toutes circonstances et en tout lieu. Ainsi il composa la logique du Shifã, son immense encyclopédie philosophique, au rythme de cinquante pages par jour.
Il eut de nettes tendances mystiques. Il passa ainsi trois jours en retraite spirituelle avec le soufi Abu Sa’id et rencontra de nombreux maîtres soufis
Le grand tournant de sa vie se situe en 997. Il était alors âgé de 17 ans, quand le prince Nūh Ibn Al-Mançūr tomba gravement malade. Ibn Sinã fut appelé à son chevet. En signe de gratitude pour les soins prodigués avec tant de compétence et de réussite, le prince lui ouvrit les portes de sa bibliothèque. Il put assouvir sa passion de la lecture et de la recherche.
Puis il fut successivement au service du vizir Abu Al-Hassan Ahmad Ibn Mohammad Al-Suhayli à Jurjãniyya, du prince Abu Mohammad Al-Shirãzi à Jurjãn, de la princesse Sayyida et de son fils Majd Al-Dawla, près de Téhéran. Cette période dura de 1014 à 1021. Mais son vizirat lui attira beaucoup d’ennemis politiques et il fut jeté en prison, en 1021, par Tãj Al-Mulk. Il profit de quatre mois pour composer trois livres: un
livre de philosophie générale (
Al-hidãyat), un traité sur les diarrhées (
Al-Qūlanj) ainsi qu’un très beau récit mystique.
Il trouva à Isfahãn un havre de paix et d’étude. Il y resta quinze ans. C’est là qu’il rédigea la majeure partie de sa monumentale encyclopédie médicale, le Canon de la médecine, et quelques-uns de ses ouvrages les plus célèbres: le Najãt. Il commença aussi la construction d’un observatoire astronomique qu’il n’achèvera jamais. Puis une catastrophe: le fils du sultan de Ghaznavi attaque contre Isfahãn et beaucoup d’écrits du Shaykh furent perduss. Affaibli par une virulente crise de diarrhée, Ibn Sinã retourna à Hamedãn, où il mourut en 1037.
Source: Stehly.chez-alice.fr
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