La citadelle de Roodkhãn (2)
Hoda Sadoughi
Le bâtiment de la citadelle de Roodkhãn, vieille de dix-sept siècles, n’a pourtant pas été une exception et a elle-même du faire face au défit du climat. Cependant, elle est globalement restée dans un état remarquable. Comme il vient d’être indiqué, on pense que l’histoire de cette citadelle remonte au troisième siècle, c’est-à-dire au règne des Sassãnides.
La découverte de plusieurs lieux d’aisances à l’intérieur du fort, s’orientant vers la ville sainte de la Mecque confirme que ces lieux ont été construits avant l’apparition de l’
islam.
D’autres chercheurs tels que Peter Welley la datent de l’époque seldjoukide. Dans son ouvrage intitulé Eagle’s nest: Ismaili Castles of Iran and Syria, il explique ainsi que les Ismaéliens avaient construit de nombreuses forteresses dans les chaînes de montagnes difficiles d’accès de l’Iran et de la Syrie pour se protéger des persécutions des Seldjoukides durant les premières années du Moyen âge. Selon lui, ces fameuses constructions incarnent l’exemple par excellence du savoir de leurs fondateurs dans le domaine de l’architecture militaire.
En effet, la réussite d’un énorme projet militaire ne pouvait être assurée sans la prise en compte de certains éléments. Le choix de se fixer sur le point culminant surplombant l’ensemble de la ville constitue clairement un choix stratégique visant des objectifs spécifiques. Les prévisions concernant l’emploi des ressources naturelles et l’approvisionnement en nourriture sont d’autres particularités de cette forteresse. Elle servait également d’abri à des milliers d’habitants qui se réfugiaient à l’intérieur du fort lorsque la ville était assiégée par les forces rivales.
L’élaboration de systèmes efficaces de stockage d’eau constitue une autre preuve de l’habileté des fondateurs de la forteresse de Roodkhãn.
L’eau nécessaire était ainsi fournie par les installations de stockage d’eau à l’intérieur du fort et la pente abrupte des parois externes. D’autre part, 52 barbacanes encerclent la forteresse, et sur lesquels apparaissent un grand nombre d’orifices qui servaient autrefois à tirer des flèches ainsi qu’à verser de la chaux liquide sur l’ennemi. On raconte qu’il y avait un bassin naturel dans le fort que le tremblement de terre de 1990 a asséché.
La forteresse est composée de deux sections principales: la place royale (shãhneshîn) et le foyer d’officiers ou la caserne.
La place royale, qui occupe l’embranchement oriental de l’espace interne, était un château servant essentiellement de résidence à la cour royale. En revanche, la section militaire était le siège des activités militaires et le lieu de résidence de ces derniers. D’autre part, les chambres hexagonales construites en haut des tours étaient conçues pour la surveillance, le tir à l’arc, et la projection de la chaux au travers d’orifices et grâce à l’inclination des parois externes.
Ce système de surveillance avait été si bien conçu que la sécurité et une paix relative régnait dans les alentours. La citadelle ne fut jamais vraiment assujettie ni conquise par l’ennemi. Roodkhãn a été ainsi pendant des siècles une ville de garnison.
La présence constante des militaires et les fortifications étendues ont fortement marqué la vie des citoyens Roodkhãnéens.
Depuis son existence, plusieurs travaux de restauration on été entrepris; cependant, Alexandre Sodesco, voyageur d’origine polonaise, précise dans son journal de voyage que selon les gravures qu’il trouva sur l’enseigne de la forteresse, ce fut Hessãm Oddin Amir Dabbãj-e Alãeddin-e Foumãni qui décréta pour la première fois des travaux de restauration à partir de 918 de l’Hégire qui durèrent pendant trois années consécutives. Il faut toutefois noter qu’Alexandre Sodesco fut le premier à avoir révélé l’existence de cette forteresse en 1830.
Elle est actuellement ouverte aux visiteurs tout au long de l’année et reçoit la visite d’un nombre croissant de touristes iraniens et étrangers.
Source: www.teheran.ir