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  • 7/4/2008
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   Les fondements psychologiques du comportement (3)

   La différence entre le "plaisir" incarné par le ’aql et celui que le "désir" représente réside en ceci que le désir recherche la satisfaction absolue, sans la soumettre aux règles ou lois qui la régissent, alors que le ’aql opte pour une satisfaction relative ou assignée dans les limites qui lui sont fixées.

raison

   Evidemment, la satisfaction absolue est souvent impossible à réaliser en raison de la nature et des différentes circonstances de la vie qui y font obstacle (le cas par exemple d’un individu qui recherche la satisfaction absolue de sa pulsion de domination par l’accession au poste de chef d’état, ou de sa pulsion de possession par l’accumulation d’une fortune colossale, etc.

   D’autre part, même lorsque la satisfaction absolue est réalisable dans des cas limités (lorsqu’on mange à satiété, ou jusqu’à réplétion, de nombreux plats très variés et très appétissants), elle pourrait provoquer une "douleur" et une maladie (la sensation de réplétion) au lieu d’apporter "le plaisir" recherché. Cela signifie donc que "la satisfaction absolue" ne réalise pas en vérité le but recherché, et que par conséquent, "la satisfaction relative" est la seule alternative pour l’être humain, et qu’elle est d’autre part à même de réaliser une plus grande satisfaction que "la satisfaction absolue". On peut illustrer cette affirmation en reprenant l’exemple de la satisfaction de la faim : si nous supposons que la satisfaction relative de l’appétit se réalise par la consommation d’un repas normal qui n’aboutit pas à la satiété totale, il s’ensuit que la santé corporelle que l’individu obtient de cette façon procure une satisfaction que "la réplétion" ne saurait réaliser, puisque celle-ci entraîne, au contraire, une maladie et un désagrément.

   L’Imam Ali (p), faisant allusion à ce sujet dans un texte où il a établi une comparaison entre les principes du ’aql et ceux du désir, dit à propos du "désir" :

«Les péchés (en l’occurrence le désir) sont (comme) des chevaux rétifs qu’on a chargés et débridés, et la "piété" (’aql) est comme des montures dociles sur lesquelles on a mis leurs propriétaires en leur confiant leurs laisses»

"Nahj al-Balâghah", prône 15, p. 54, éd.: Manchûrât al-A"lamî

   Ce texte indique que la recherche de "la satisfaction absolue est pareille à un cheval qu’on a débridé et qui conduit le cavalier à sa mort, et ce contrairement à "la satisfaction relative", laquelle est pareille à quelqu’un qui enfourche une monture docile, en tenant bien sa laisse pour l’éloigner des sentiers périlleux.

   Ceci montre qu’une telle satisfaction relative ou "satisfaction objective", restreinte par les lois qui régissent l’être humain, ou par ce que l’Imam Ali (p) appelle le ’aql, se caractérise par une plus grande satisfaction que celle que réaliserait le "désir".  Evidemment la réalisation de cette satisfaction dépend du processus de "l’ajournement" du "désir" ou de "la satisfaction immédiate" par lequel, comme le recommande l’Imam Ali (p), l’individu doit s’efforcer de favoriser la victoire du ’aql sur le désir.

   Mais là encore la question que nous avons posée précédemment à savoir: «Le plaisir incarné par le ’aql et celui incarné par le désir sont-ils égaux quant à leur efficacité, ou bien l’un est-il plus efficace que l’autre?» se repose encore, et la réponse y est le texte de l’Imam Ali qui montre que le premier est le plus efficace, d’après la comparaison qu’il établit entre le cheval débridé et la monture maîtrisée qui représentent respectivement, le désir et le ’aql.

   Mais cela n’empêche pas de penser que le plaisir de désir est plus "pressant" que le plaisir de ’aql, quand bien même ce dernier est plus efficace, étant donné que la pratique de l’ajournement du désir implique qu’il soit plus pressant que le désir de ’aql, autrement la recommandation de faire dominer le désir par le ’aql n’aurait plus aucune raison d’être.    Ainsi, celui qui recherche le plaisir sexuel, par exemple, ressent forcément que la pulsion sexuelle est plus intense que la pulsion de ’aql en lui lorsqu’il décide soit de pratiquer ce qui est illégal pour se satisfaire sexuellement soit de résister à cette pulsion, en ajournant l’assouvissement et en renforçant le pouvoir du ’aql au détriment du désir. Or dans les deux cas, il y a pression de la part du désir, qui l’oblige soit à s’y soumettre, soit à y résister.

   Mais, comme nous l’avons remarqué, cette pression du désir ne signifie pas qu’il est plus puissant ou plus efficace que le pouvoir du ’aql. Elle indique seulement qu’il est plus séduisant. Or cette séduction est appelée à perdre son effet dès lors que le sujet s’exerce à lui résister. Car, comme nous l’indique la fin du verset coranique :

كَيْدَ الشَّيْطَانِ كَانَ ضَعِيفًا

«Les pièges du diable sont faibles»

Sourate al-Nisâ", 4: 76

   Et cet exercice conduirait même à renverser la situation : la répulsion pourrait se substituer à la séduction. Le Prophète (P) projette suffisamment de lumière sur ce phénomène, lorsqu’il explique que le processus de "l’ajournement" de la satisfaction du désir et le remplacement de celle-ci par le plaisir du ’aql (c’est-à-dire l’exercice au plaisir de ’aql), amène l’individu à abhorrer le côté voluptueux du plaisir :

 «La persistance dans le bien conduit à la détestation du mal»

"Al-Bihâr" (Bihâr al-Anwâr), Tom.1, p. 117: Al-"Aql wa-l-Jahl

Source: www.bostani.com

 

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