Cinéma et spiritualité selon Madjid Madjidi
Quelle est la crise du monde contemporain ?
Madjid Madjidi, célèbre cinéaste iranien du renom international, a critiqué la guerre, la famine, la malnutrition, la violation des droits et de la dignité de l'homme et le partage irrationnel du monde et de ses richesses selon le rapport des forces entre les puissances politiques. Condamnant le massacre des dizaines de milliers de femmes et d'enfants « au nom des droits de l'homme et de la démocratie », Madjid Madjidi a estimé que : « Ces souffrances et ces crises montrent que le monde d'aujourd'hui est aux prises avec un vide spirituel profond et la domination cruelle d'un système inhumain et immoral sur toute la planète. »
Seul représentant de l'Iran au «Festival culturel, artistique et cinématographique » qui a eu lieu en Grèce, ayant pour thème la relation entre le cinéma et la spiritualité, M. Madjidi s'est interrogé ensuite sur les origines de la crise mondiale à l'époque contemporaine avant d'affirmer que : « Les peines et les souffrances physiques ne sont pas du tout comparables avec les conséquences du péché et de l'immoralité qui éloignent les hommes de valeurs spirituelles. »
Dans son intervention devant les participants à ce festival, Madjid Madjidi a cité un épisode du Gulistãn (la « Roseraie ») du célèbre poète classique iranien Sa'di (v. 1200 - v. 1291) :
Un homme pieux fut attaqué dans le désert par une panthère. Blessé grièvement par le grand félin, il ne cessait pas pourtant de remercier Dieu. « Je remercie mille fois Dieu car je suis frappé par un malheur et non pas par un péché. », disait-il. Madjidi a rappelé ensuite que ce court épisode relaté dans le Gulistan de Sa'di parlait, en fait, de l'importance de la spiritualité.
Pour le célèbre cinéaste iranien, le stress et le désespoir qui dominent le monde d'aujourd'hui, semblent parfois sans borne, de sorte que les hommes se trouvent prisonniers d'un destin fatal dans la tragédie qu'ils ont forgée eux-mêmes.
Madjidi a évoqué le film «Fahrenheit 451 » du cinéaste français François Truffaut, avant d'enchaîner : « Truffaut montre dans ce film une société post-moderne qui tourne le dos à la spiritualité pour retourner à l'époque de l'autodafé de livres. Truffaut veut nous montrer comment la culture, la civilisation, les traditions et la spiritualité ont été sacrifiées sur autel du modernisme dénoué de toute valeur humaine ».
« Parmi les diverses raisons de cette situation désagréable, il faut souligner surtout le rôle des médias a-t-il ajouté, car ils imposent malheureusement la vision du monde des hommes politiques a 1'opinion publique, ce qui ne manquera pas d'avoir des impacts désastreux sur la conscience humaine. »
Madjid Madjidi a ensuite reproché le processus d'instrumentaliser les arts par les pouvoirs politiques : « La mainmise des acteurs de la vie politique sur les arts a transformé les oeuvres d'art aux instruments entre leurs mains pour propager la violence, le sexisme, la débauche et la superstition parmi les gens. L'effet immédiat de ce jeu politique est la perturbation des liens et des relations qui règlent la vie sociale et aboutit a la destruction du foyer familial.»
«L'appel à la spiritualité, à 1'amour, à l'art et au dialogue remplit le coeur d'espoir et les artistes peuvent mieux que quiconque appeler les gens vers ces valeurs pour présenter une nouvelle définition de 1'existence et de 1'amour. Le cinéma peut y contribuer grandement. », a-t-il ajouté.
Selon M. Madjidi, de grands cinéastes comme John Ford, Federico Fellini, Stanley Kubrick, François Truffaut, Alfred Hitchcock, Akira Kurosawa, Yatsushiro Ozu ou Ingmar Bergman ont donné, dans leurs ouvrages cinématographiques, des exemples très précieux du rôle de la spiritualité. « Pour un cinéaste comme Fellini, les plus petites dunes trouvent une place particulière dans l'univers. », a-t-il affirmé.
Le réalisateur de « La Couleur de Dieu» dit: « J'apprécie chaque jour davantage les oeuvres de ces grands réalisateurs. Leurs films n'ont rien perdu de leur dynamisme, car ils nous rappellent les points communs innés de tous les êtres humains. »
Enfin, Madjid Madjidi a émis l'espoir que ses propres films porteront aux habitants de la planète le message d'amitié, de paix et d'amour. « Je sais que le monde est, hélas, beaucoup plus tourmenté que je 1'imagine, mais je souhaite que les personnages de mes films luttent pour rester bons et gentils et qu'ils apprennent la bonté et la gentillesse aux plus jeunes. »
Source :
Le Message De L’Islam , Ed .Fondation de la pensée Islamique .