Une cérémonie musulmane à la mémoire de Mohamed Ali
Avec les fidèles reprenant à l'unisson une prière musulmane, dignitaires et supporteurs se tenaient côte à côte, jeudi, pour rendre hommage à Mohamed Ali, qui a mis à profit sa célébrité pour promouvoir l'harmonie entre les religions, les races et les nations.
Partout sur la planète, des milliers de personnes ont suivi, par divers modes de diffusion, la cérémonie funéraire musulmane en l'honneur d'un de leur héros.
Appelé Jenazah, le service de prières de jeudi amorçait deux jours de commémoration décrits en détail par Ali des années avant son décès, survenu vendredi dernier.
Son but était de les rendre ouverts sur le monde et d'offrir une vitrine à une religion méconnue de nombreux Américains.
« Ali était le champion du peuple, et c'est dans cet esprit qu'il a agi comme défenseur de la cause de son peuple, a dit Sherman Jackson, chercheur universitaire musulman, qui a pris la parole lors du service. Il a apporté de la dignité au fait d'être musulman. »
Plus de 14 000 personnes avaient des billets pour la cérémonie tenue à Louisville, la ville natale d'Ali. Certains ont fait des milliers de kilomètres pour s'y rendre.
Il y avait notamment le militant des droits de la personne Jesse Jackson, le promoteur de boxe Don King, l'ancien boxeur Sugar Ray Leonard et le chef de la Nation de l'Islam, Louis Farrakhan.
Dans les années 60, Ali s'est joint à cette Nation, un mouvement séparatiste et religieux de la communauté noire. Il l'a quittée une décennie plus tard, en faveur de l'Islam dans sa version la plus répandue, où on met de l'avant un désir d'harmonie entre les races et les communautés ethniques.
Ali a insisté pour que la cérémonie soit ouverte à tous, ont dit les organisateurs. On y trouvait jeunes et moins jeunes, Noirs et Blancs, musulmans, chrétiens et juifs. Certains portaient des vêtements de tradition musulmane, d'autres des jeans ou un complet.
Le service a duré moins d'une heure. Ceux qui ont pris la parole le faisaient devant un rideau noir au niveau du plancher, près du cercueil orienté vers La Mecque.
Le service a commencé par quatre récitations d'Allahu Akbar (« Dieu est grand »), avec des prières silencieuses entre chacune. On souhaitait à Ali de faire bonne route vers l'au-delà, et à ses proches de trouver les moyens de vivre sans lui.
« Ali nous a inspirés, a dit Jackson. Il nous a donné du courage et nous a enseigné comment lutter, pas seulement dans le ring, mais également en dehors. »
Un musulman partageant le même nom que la légende est arrivé au Kentucky sans avoir réservé de chambre d'hôtel, mais dans la foi que son voyage de plus de 12 000 km était important pour lui faire ses adieux.
Mohamed Ali a rencontré le boxeur au début des années 1970, et ils se sont liés d'amitié après avoir constaté qu'ils portaient le même nom. Le boxeur lui a rendu visite chez lui en 1978 et a toujours dit à la blague qu'ils étaient jumeaux, a dit Ali.
Ali était ému aux larmes, jeudi, le drapeau du Bangladesh sur les épaules. Il avait sur lui des photos du boxeur lors de sa visite, l'une debout avec sa famille, l'autre étendu sur un lit.
Sa présence jeudi était si importante pour lui qu'il a reporté une opération à coeur ouvert, a dit Ali.
Mustafa Abdush-Shakur s'appuyait quant à lui sur une canne alors qu'il entrait dans l'aréna. Il était venu du Connecticut en dépit d'une récente opération au genou, qui donne à ses déplacements des allures de torture.
« J'ai de la douleur physique, a-t-il dit. Mais si je n'avais pas pu venir ici et prier pour mon frère, ça m'aurait causé une douleur spirituelle bien plus profonde. »
source: http://ici.radio-canada.ca