Le plurimillénaire golfe Persique
Le 10 ordibehesht (30 avril) est marqué dans le calendrier iranien par la Journée nationale du golfe Persique, une occasion pour s’initier davantage à cette vaste étendue d’eau qui, depuis la nuit des temps, a toujours été connue et reconnue par son épithète « Persique ».
Le golfe Persique a une riche histoire datant de plus de cinq millénaires. Carrefour commercial et lieu d’échange permanent entre Orient et Occident, il est devenu, à la suite de la découverte des premiers gisements de pétrole il y a à peine plus d’un siècle, une zone stratégique au centre de tensions et d’enjeux économiques et géopolitiques sans précédent au niveau régional et international.
Cette étendue maritime s’étend sur une surface d’environ 233 000 km². Sa limite occidentale est marquée par le Shatt el-Arab ou "Arvand Roud" en persan, et par le détroit d’Ormoz et le golfe d’Oman à l’est. Le golfe Persique borde les côtes de l’Iran, de l’Irak, de l’Arabie Saoudite, de Bahreïn, du Koweït, des Emirats Arabes Unis ainsi que du Qatar. Il mesure environ 1000 km de long et 200 à 350 km de large, avec une profondeur moyenne d’environ 50 m, la profondeur maximale ne dépassant pas 100 mètres. Il est en partie alimenté par divers fleuves iraniens et irakiens, ainsi que par les eaux de l’Océan indien poussées par les courants et pénétrant dans le golfe Persique par le détroit d’Ormuz.
Le golfe Persique a été sous l’influence de nombreuses cultures antiques dont les cultures sumérienne, babylonienne et perse. Les premières traces de civilisation datent de plus de cinq millénaires, lors de l’émergence du royaume de Sumer dans la basse Mésopotamie antique (Sud de l’Irak actuel) puis, au 3e millénaire av. J.-C., du royaume d’Elam situé en bordure du Golfe Persique, au sud-ouest de l’Iran actuel. La conquête du royaume de Babylone par les Perses au VIe siècle av. J.-C. et l’extension considérable de l’empire achéménide qu’elle entraîna consacra l’influence perse dans la zone. Cette prédominance fut ensuite maintenue par les Séleucides, les Parthes et les Sassanides, qui étendirent l’influence perse sur les régions côtières arabes de l’ouest, notamment au travers de nombreux flux de migrations perses. Ceci participa notamment au renforcement des échanges et des liens entre les côtes est et ouest du golfe Persique.
Les voyageurs occidentaux qui vinrent en Iran au XVIe siècle évoquèrent aussi le "golfe Persique" et les historiens de l’époque des Qâdjârs, Mohamad Ebrâhim Kâzerûni, Rezâ Gholi Khân Hedâyat, Lesân-ol-Molk Sepehr ont toujours parlé de cette zone maritime en terme de "Golfe Persique" dans les différents ouvrages sur l’histoire de l’Iran qu’ils ont rédigés.
Les historiens arabes comme Jorji Zeidân, Qadri Qal’aji, Nofel Mesri, ’Ali Hamîdan, ont travaillé sur l’histoire du golfe Persique et sur la nomination de cette région qu’ils ont toujours appelée de cette manière. Les encyclopédies allemandes, françaises, américaines et turques, ont aussi parlé du golfe Persique pour désigner cette région, alors que les Anglais utilisaient parfois d’autres expressions pour le désigner du fait de l’ingérence qu’ils avaient dans la région. Les eaux du golfe Persique sont, dans le cadre des règlements internationaux, sous le contrôle et l’autorité de la République islamique d’Iran. Dans la préface de la nouvelle loi sur les eaux territoriales de la République islamique d’Iran, du golfe Persique et de la mer de la région de Makran, la convention maritime de 1982 a prévu 12 miles de région de surveillance en plus des 12 miles de mers territoriales, ce qui confirme la propriété pour la République islamique d’Iran, avec les îles iraniennes, d’une grande partie des eaux du golfe Persique.
Du fait de sa situation économique, sociale, industrielle et géographique, le golfe Persique a une grande importance stratégique pour la République islamique d’Iran et les autres pays de la zone. Son intérêt stratégique vient de ses ressources pétrolières, qui jouent un rôle primordial dans l’économie mondiale. Le pétrole est exploité depuis près de cinquante ans et désormais, l’économie des pays de la zone repose majoritairement sur les exportations de pétrole et de gaz, bien que le niveau de vie soit différent entre les pays du nord et du sud du golfe Persique. En outre, il est aussi le lieu de transit des armements, par mer, voie ferroviaire et routière, rôle qui fut prépondérant pendant la Seconde Guerre mondiale.
La cartographie occidentale du golfe Persique révèle une vérité historique importante : depuis l’antiquité gréco-romaine, cette région maritime a toujours été connue par sa nomination d’origine : le "Sinus Persicus" des Latins qui devient le "golfe Persique" dans les langues modernes européennes.
source: http://frenchold.ws.irib.ir