Diabète et ramadan : apprendre à bien gérer sa maladie
Le mois du ramadan représente un sérieux défi tant pour les médecins que pour leurs malades diabétiques qui insistent, malgré les recommandations, à observer le jeûne. À juste titre, puisque avec les changements des habitudes alimentaires et la modification des horaires de prise des médicaments, de nombreuses complications liées au diabète peuvent survenir. Il s'agit essentiellement d'une hypoglycémie et parfois d'une hyperglycémie (surtout en cas de diabète de type 1), un évanouissement, une acidocétose (un coma suite à une hyperglycémie sévère non traitée) principalement chez les diabétiques de type 1 et une déshydratation.
Durant ce mois sacré donc, il est vital d'aider le patient à observer son jeûne dans les conditions les plus « sûres ». C'est dans cet objectif que l'Alliance internationale du diabète et du ramadan (DAR) a organisé, en collaboration avec la Fédération internationale du diabète et la Société libanaise d'endocrinologie, du diabète et des lipides (SLEDL) et le soutien de Sanofi, une conférence pour partager avec les médecins les recommandations émises dans ce sens. Ont pris part à cette rencontre les docteurs Mohammad Hassanein, président de DAR, Mounzer Saleh, président de la SLEDL, Akram Echtay, responsable du Programme de lutte contre le diabète au ministère de la Santé, ainsi que les docteurs Ibrahim Salti, responsable du département d'endocrinologie au Centre médical de l'Université américaine de Beyrouth (AUBMC), Sami Azar, endocrinologue à l'AUBMC, et Mohammad Sandid, président de la Société libanaise pour le diabète.
Ces recommandations sont d'autant plus importantes que le nombre de musulmans souffrant de diabète et qui insistent à jeûner est en constante augmentation : quelque 116 millions dans le monde, selon des études internationales rapportées par DAR. D'après l'étude Épidiar (Épidémiologie du diabète durant le mois de ramadan) menée entre 2001 et 2004 dans treize pays sur plus de 12 000 patients, près de 43 % des patients musulmans souffrant de diabète de type 1 et 79 % de ceux souffrant de diabète de type 2 observent le jeûne du ramadan. L'étude avait été publiée dans la revue médicale américaine Diabetic Care.
Trois catégories de patients
Qui peut donc jeûner ? La Fédération internationale du diabète et DAR ont divisé les patients en trois catégories : patients à très haut risque, les patients à haut risque et les patients à risque faible à modéré. Appartiennent à la catégorie des patients à très haut risque notamment :
– Les personnes ayant eu un épisode d'hypoglycémie sévère, d'acidocétose ou d'un coma hyperosmolaire (hyperglycémie associée à des urines abondantes et une forte déshydratation) dans les trois mois qui ont précédé le ramadan. – Les personnes qui ont des épisodes récurrents d'hypoglycémie.
– Les diabétiques de type 1 dont la maladie n'est pas bien contrôlée.
– Les personnes souffrant en plus du diabète d'autres maladies graves.
– Les femmes diabétiques enceintes ou les femmes souffrant d'un diabète gestationnel et traitées par l'insuline ou par des médicaments de la famille des sulfamides hypoglycémiants.
– Les patients sous dialyse.
– Les diabétiques présentant des complications macrovasculaires (touchant les gros vaisseaux).
– Les personnes âgées à la santé fragile.
Appartiennent à la catégorie des patients à haut risque :
– Les diabétiques de type 2 dont la maladie est mal contrôlée ou ceux qui sont sous insuline.
– Les diabétiques de type 1 dont la maladie est bien contrôlée.
– Les femmes enceintes souffrant de diabète de type 2 ou souffrant d'un diabète gestationnel, dont la maladie est contrôlée par un régime alimentaire ou la metformine.
– Les diabétiques présentant une insuffisance rénale de stade 3.
– Les diabétiques dont les complications macrovasculaires sont bien contrôlées.
– Les diabétiques avec des comorbidités (hypertension, taux élevé de cholestérol...), ceux-ci présentant un facteur de risque ajouté.
– Les diabétiques qui exercent un travail physique très intense.
– Les diabétiques qui prennent un traitement qui pourrait affecter leurs fonctions cognitives.
La catégorie des patients à risque faible à modéré comprend les diabétiques de type 2 dont la maladie est contrôlée par un mode de vie sain, des médicaments oraux ou de l'insuline.
La Fédération internationale du diabète et DAR conseillent aux patients appartenant aux deux premières catégories de ne pas jeûner. Si ces derniers insistent à le faire, il est important donc qu'ils reçoivent une éducation appropriée dans ce sens, quelques semaines avant le début du mois sacré. Ces patients doivent aussi être suivis par une équipe multidisciplinaire. Ils doivent de plus mesurer leur taux de glucose dans le sang plusieurs fois par jour, notamment en fin de journée, heure à laquelle celui-ci est à son niveau le plus bas. Ainsi, ils doivent interrompre immédiatement le jeûne au cas où le taux de sucre est inférieur à 70 mg/dl ou supérieur à 300 mg/dl. Les doses des médicaments doivent être ajustées pendant cette période par leur médecin traitant.
Les patients appartenant à la troisième catégorie peuvent observer le jeûne du ramadan à condition d'avoir reçu une éducation appropriée dans ce sens, de mesurer régulièrement leur taux de glucose dans le sang et d'ajuster les doses des médicaments en concertation avec le médecin traitant.
source: lorientlejour.com