Les caractéristiques des maisons traditionnelles de la région centrale de l’Iran (1)
L’Iran est un pays largement désertique, contenant de vastes territoires arides ou semi-arides - ce qui n’était pas autant le cas il y a quelques millénaires, au moment de l’immigration des Aryens à l’intérieur du plateau iranien (à en croire la théorie de l’invasion aryenne).
L’existence florissante de foyers de civilisations anciennes sur le sol de la Perse semble confirmer cette hypothèse, ainsi que la civilisation de Jiroft et celle de la Shahr-e Soukhteh (Cité brûlée), qui étaient probablement en rapport l’une avec l’autre, sinon reliées, voire alliées et faisant partie d’un même ensemble géographique et culturel.
Par contraste, cette zone de l’Iran actuelle est une région souffrant d’une sécheresse catastrophique, rendant la vie extrêmement dure à ses habitants dont certains n’ont eu d’autre solution que de prendre la voie de l’exode - phénomène communément appelé migration climatique et environnementale.
Quoi qu’il en soit, les habitants de chaque région, selon la règle d’adaptabilité humaine inéluctable à la survie de l’espèce, étaient contraints de trouver une harmonie avec leur milieu géographique, notamment avec les conditions climatiques. Ainsi, les peuples du plateau iranien, encerclés par des montagnes et vivant dans des régions difficiles d’accès, ont appris au fil du temps à adapter leur habitat à leur milieu. Ainsi, en vue de construire des rues dans les villages et les villes ainsi que d’ériger des maisons dans ces lieux, la population locale utilisait le plus souvent les matériaux locaux tout en créant des formes et des styles architecturaux variés et dotés de caractéristiques propres. Parmi les matériaux de construction utilisés ou inventés, nous pouvons citer la bauge (mélange d’argile et de paille) dont l’usage n’est pas limité à l’Iran, puisqu’elle existe depuis très longtemps dans d’autres régions du monde, en Europe et en Amérique par exemple. Comme le bois est rare dans ces régions sèches et arides, ce matériau n’est presque jamais utilisé dans le bâtiment, sauf parfois pour encadrer les vitres et les portes. Concernant les traits spécifiques de ce style architectural, nous pouvons évoquer encore la règle de l’introversion (certainement liée à l’introspection, pratique ancestrale chez les Iraniens et les Orientaux).
Pour évoquer la question de l’urbanisme, nous allons aborder la manière dont se sont progressivement formées les ruelles et les allées des villes iraniennes, qui sont souvent couvertes.
Les refuges que constituent ces passages trouvent autant leur raison d’être dans la situation géographique et les conditions climatiques, que dans des facteurs davantage d’ordre social et géopolitique. Ainsi, les rues et les allées des régions centrales d’Iran sont partiellement ou même totalement couvertes pour protéger les habitants de la force du soleil, ainsi que des menaces climatiques telles que les tempêtes de sable dont fut et reste souvent atteint le pays. D’autre part, les menaces d’invasions extérieures nécessitaient une protection stricte de la population, par exemple en couvrant les passages et voies urbaines. Il est ainsi connu que lors de l’invasion mongole en Iran (1219-1256), ces toits ont en partie protégé les citadins contre les violences des soldats qui ne se donnaient pas la peine de descendre de leur monture pour pénétrer dans les quartiers peu stratégiques. Fable ou histoire, ce récit aide les Iraniens à justifier l’étroitesse et la couverture de ces ruelles et allées, appelées en persan sãbãt.
Chaque quartier possédait en général un bain public, un réservoir d’eau, une petite mosquée (ou, dans le cas du centre-ville, une grande mosquée), et un petit bazar. Quand on arrivait à la porte d’une maison, comme c’est le cas aujourd’hui même dans le cœur historique des villes comme Yazd et Kermân, la porte, souvent en bois, comportait deux objets métalliques nommés koloun, l’un pour hommes et l’autre pour femmes.
Différents par leur forme aussi bien que par le son qu’ils produisaient, ces sonneries traditionnelles permettaient aux habitants du foyer de reconnaître la personne frappant à la porte pour qu’une personne du même sexe la lui ouvre. Ensuite, nous arrivons au hashti, équivalent de vestibule, petite salle octogonale ou tétragone servant de lobby ou de salle d’attente, avant d’entrer dans le corridor. Comme nous l’avons déjà indiqué, la plupart des maisons possédaient deux cours, intérieure et extérieure. Le corridor desservait l’entrée des deux cours, l’invité se faisant guider par le serviteur du foyer pour choisir le bon trajet. L’intérieur non intime (birouni) de chaque grande maison avait un salon et/ou une salle de séjour et de déjeuner, l’intérieur intime (andarouni), une/des chambre(s), une cuisine, et souvent un séjour propre aux membres de la famille. Celui-ci avait le plus souvent une terrasse, servant de séjour pour la saison chaude lors du coucher du soleil. Les salles et les chambres étaient normalement réparties autour de la cour, et on y accédait par un escalier. Un autre menait à la cave, où des réserves d’aliments étaient stockées, et le cas échéant, une réserve d’eau était installée.
Le birouni, destiné à recevoir les gens de toutes sortes, était souvent d’apparence simple afin de ne pas attiser convoitise et jalousie, tandis que l’andarouni, auquel seuls avaient accès les proches de la famille, était souvent richement décoré et meublé.
(à suivre…)
Source: Teheran.ir
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