La langue et la littérature persanes chez les Ouïgours (1)
Dans ce territoire ayant une superficie approximativement égale à celle de l’Iran contemporain, vit une vingtaine de millions d’habitants, dont environ une moitié appartient au peuple ouïgour.
Ils parlent l’ouïgour, cette langue turque qui possède un vaste lexique persan.
Près de 35%, soit un tiers des mots de cette langue sont persans ou d’origine persane. Quelles sont les raisons de cette proximité, ou bien de cette affinité entre ces deux langues et cultures? Pour répondre à cette question, il faut remonter au Moyen-Orient, au milieu de l’âge médiéval en Asie centrale où, placés sous la gouvernance des khãns d’Asie centrale ou des Timourides, les Ouïgours, habitants du Turkestan oriental, se convertissent à l’Islam et commencent à assimiler d’autres éléments de cette culture. Ainsi, les membres de cette population, jadis chamanistes et naguère manichéistes et bouddhistes, sont devenus des musulmans d’obédience sunnite, comme la plupart des Turkmènes et des Turcs d’Aise centrale et d’Asie mineure.
Dès l’islamisation du territoire, le persan gagne, comme l’arabe, ses lettres de noblesse au sein des membres de cette population ethnique désormais faisant partie de la communauté musulmane sunnite. Sur ce vaste territoire où avaient vécu durant des siècles diverses populations et ethnies, la richesse culturelle et sociale n’en perdit rien de sa valeur et variété.
Par ailleurs, comme la Route de la soie traversait ce territoire, celui-ci a toujours été sous l’influence de cultures proches et lointaines, à tel point qu’à l’époque, Kachgar était célébrée comme la «perle» de cette route, puisque la ville était située sur le point de rencontre de diverses civilisations. C’est dans la grande mosquée de cette ville, appelée aujourd’hui Eidgah, que Saadi a croisé le grammairien dans l’anecdote citée au début de notre texte.
Placé entre les territoires des Empires chinois et perse, le Turkestan oriental connaît un riche mélange culturel et linguistique. La religion, nous en avons déjà parlé: presque tous les cultes du Moyen-âge ont eu leurs adeptes au Turkestan oriental.
Du point de vue linguistique aussi, les villes et villages de cette région ont connu, au cours de leur longue et tumultueuse histoire, la traversée de divers langues et dialectes dont le persan, l’arabe, le sogdien, le mongol, le tchaghataï, et enfin, l’ouïgour (cette liste n’est pas chronologique).
Source: Teheran.ir