Les traductions en français du Coran (2)
Nous nous contenterons de citer le nom et la date de parution des autres traductions françaises du Coran durant la deuxième moitié du siècle dernier. La version du poète et écrivain marocain Ahmad Boudib, publiée en 1967, fut suivie, en 1972, par la traduction proposée par Si Hamza Boubakeur (ancien recteur de l’Institut musulman de la mosquée de Paris). Cette dernière, publiée en deux gros volumes, est accompagnée de nombreux commentaires et a été rééditée dans une version juxtaposée, sans contenir les remarques et commentaires précédents.
La publication de la traduction prestigieuse de Pierre Godé, musulman d’origine française, a commencé en 1983; un travail qui va au moins contenir dix volumes et qui est accompagné de commentaires souvent tirés de l’exégèse de Tabarî. Il ne faut pas nier, selon Bonaud, qu’il s’agit d’une traduction détaillée exprimant une tentative valable et durable.
Trois autres traducteurs arabes ont entrepris, après Boubakeur, de présenter leurs versions: la traduction de Noureddin Ben-Mahmoud en 1976, qui s’apparente à celle de Kasimiriski, celle de Sadok Mazigh en 1980, et enfin celle de Salãh ed-Dine Kechrid, en 1981.
Pour arriver à nos jours, nous citerons le brillant travail de Jacques Berque, éminent arabisant qui publia sa version en 1990, réconciliant dans son œuvre la rigueur de Blanchère et les qualités littéraires et libres de Kasimirski, sans cependant se priver des apports de la tradition musulmane elle-même. Une telle ambition a poussé Berque à forger des néologismes incongrus, sans que le besoin se ressente vivement (nous nous référons toujours aux avis de Bonaud).
Afin de finir cet historique des traductions du Coran dans les siècles passés, nous citerons finalement le nom d’André Chouraqui, dont la traduction, parue en 1990, fit beaucoup de bruit. Ancien maire de Jérusalem, Chouraqui a traduit l’Ancien et le Nouveau Testament avant d’entamer une traduction du Coran. Selon Bonaud, le défaut le plus grave de son œuvre est sa totale incompréhensibilité. Les équivalents bizarres et les mêmes termes arabes transcrits en français sont parmi les autres points faibles de cette version orientale du Coran en français.
En conclusion, nous insistons encore une fois sur le fait que toute démarche pour présenter une traduction du Coran, œuvre à la fois divine et poétique, doit consister avant tout en une prise en considération simultanée du langage et du sens du Coran. Les essais allant dans ce dernier sens continuent à présenter une version véritablement digne d’estime, dont les traductions partielles proposée par André Miquel et Bonaud (Yahya Alavi) lui-même.
Source:
- Moussavi, Mohammad Esmã’il, «Faaliathaye Ghor’ani e Mostashreghãn» (Activités coraniques des orientalistes
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