La zone rurale de la province du Guilãn
La région de Ghãssem Abãd, zone rurale de la province du Guilãn située à proximité de la frontière avec le Mãzandarãn, peut être considérée comme l’un des creusets de la culture guilaki. Elle se divise en deux zones principales appelées "Haut Ghãssem Abãd" et "Bas Ghãssem Abãd" (situé à 90 km de Rasht) et qui rassemble une dizaine de petits villages et près de quatre mille foyers.
Cette région a un patrimoine historique riche étant donné que des tombeaux anciens remontant jusqu’à l’époque ayant précédé la venue des tribus aryennes dans cette région y ont été découverts. La plupart ont cependant malheureusement été pillés par les trafiquants d’objets antiques. Sur la base de ces découvertes, l’histoire de Ghãssem Abãd remonterait jusqu’au XIe siècle av. J.-C. Aucune étude approfondie n’a cependant encore été réalisée à ce sujet. Par la suite, les premières peuplades à s’y être installées semblent avoir été les Guiles (d’où vient le mot Guilãn) qui, grâce à la situation géographique de cette région, ont vécu dans une quasi-indépendance du pouvoir central, même sous le règne des Achéménides. On trouve néanmoins des contingents guiles dans l’armée perse de cette époque.
Après l’invasion arabe, cette région fut l’une des dernières conquises et durant le califat omeyyade et abbãsside, il devint l’un des sièges des rebelles chiites. Le nom de Ghãssem Abãd, issu de "Ghãssem", prénom masculin arabe et chiite, date peut-être de cette époque. Ghãssem Abãd compte aussi deux mausolées d’Imãmzãdeh (fils d’Imam).
Durant le règne des Safavides et des Qãjãrs, les habitants de Ghãssem Abãd renforcèrent leur défiance par rapport au pouvoir central notamment en refusant d’envoyer des soldats pour l’armée royale et de payer des impôts. Le roi safavide y envoya des troupes afin d’imposer son pouvoir, mais son armée ne put aller au-delà du château Bandbon (dont on peut encore visiter les ruines à Ghãssem Abãd). Après cette défaite, le roi Abbãs s’efforça de modifier la structure démographique de la région en y favorisant l’immigration de Géorgiens et de Kurdes. Ainsi, encore aujourd’hui, Ghãssem Abãd compte un quartier kurde. Ce projet ne permis cependant pas au roi Abbãs d’atteindre ses objectifs et ces nouveaux migrants s’intégrèrent peu à peu dans la région et adoptèrent sa culture. Cette opposition contre la cour royale continua sous les rois qãjãrs. Ghãssem Abãd pris une position en faveur des constitutionnalistes durant la Révolution constitutionnelle de 1906. Après la Révolution islamique et pendant la guerre contre l’Irak, Ghãssem Abãd a donné le plus nombre de martyres comparé aux autres régions du Guilãn.
Concernant les caractéristiques culturelles de cette région, elle se caractérise tout d’abord par sa musique. Cette musique se joue avec des instruments locaux comme lenãghãreh, le sournã et un type de tambour. Les chansons sont normalement composées de phrases courtes, simples et rimées.
Les femmes de cette région portent un habit traditionnel en trois pièces: tour-e dastmãl, un chemisier de couleurs vives, et enfin une longue jupe, avec beaucoup de plissés, et une dizaine de rubans parallèles de différentes couleurs.
On y mange les plats typiques du Guilãn tels que le bãghãli ghãtogh, torshi tareh, pelã sar tareh et surtout le mirzã ghãssemi.
Les habitants de cette région, parlent le dialecte guilaki, riche en mots d’ancien persan. La poésie orale locale est riche mais est restée relativement inconnue en Iran.
L’économie de Ghãssem Abãd est basée sur l’agriculture; essentiellement la culture du riz, du thé, et des oranges. Plus récemment, les habitants se sont mis à cultiver également le kiwi et pratiquent l’élevage de vaches. Ils produisent également du miel.
Sources:
Mar’ashi, Seyyed Zahir-od-Din, Histoire du Guilãn et du Deylam.
Koutcheki Zãdeh, Karim, Histoire de la musique du Guilãn.
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