Les causes sociales de la formation du harem
Il y avait deux facteurs qui ont favorisé la formation du harem. Le premier, était la piété et la chasteté des femmes. Un harem ne peut être formé que lorsque le climat social et les conditions morales sont tels qu’une femme n’a pas la possibilité d’avoir des relations sexuelles avec plus d’un homme. Dans ce cas, un homme riche et licencieux n’a d’autre alternative que de rassembler autour de lui plusieurs femmes pour pouvoir en disposer.
Evidemment, dans un climat où l’on n’attache pas d’importance à la chasteté et où les femmes sont facilement et librement disponibles, personne ne se donne la peine de constituer un "harem" nombreux, très coûteux.
Le second facteur était l’absence de justice sociale. Le climat favorable à la formation du harem est celui dans lequel un petit nombre de gens sont plongés dans l’opulence, et la majorité se débat dans la misère et la pauvreté. Dans de telles conditions, un grand nombre d’hommes sont privés de la possibilité d’avoir une femme convenable et de former une famille, alors que le nombre de femmes célibataires ne cesse d’augmenter, ce qui favorise la formation du harem.
D’autre part, si la justice sociale prévaut, et que les moyens de former une famille et de choisir une épouse existent pour tout le monde, chaque femme sera automatiquement attachée à un homme particulier et il n’y aura plus place pour la débauche et la formation de harems.
Si chaque homme adulte est en position d’avoir une femme, il ne restera pas suffisamment de femmes pour que les hommes riches puissent former des harems, car normalement le nombre des femmes est plus ou moins égal au nombre des hommes.
Il est d’habitude que l’histoire relate les récits des harems des califes et des sultans, et décrive la pompe et le faste de leurs cours, mais elle oublie d’expliquer la privation, la misère et la souffrance de ceux qui mouraient au pied de leurs palais et de ceux dont les conditions sociales ne leur permettaient pas d’avoir une épouse. Des centaines de femmes, qui passaient leur vie dans les harems, constituaient le droit naturel du même nombre d’hommes qui étaient obligés de rester célibataires jusqu’à la fin de leur vie.
Indubitablement, si le principe de la chasteté gouvernait la société, et que la pratique de la sexualité ne soit possible que dans le cadre du mariage -temporaire ou permanent-, la formation du harem serait impossible, à condition, bien entendu, que les inégalités sociales et économiques disparaissent et que le droit naturel au mariage soit accordé à tout adulte.
Un coup d’il rapide sur l’histoire permet de constater que la loi du mariage à durée déterminée n’a joué aucun rôle dans la formation des harems.
Aucun des califes abbassides et des sultans ottomans, connus pour avoir gardé autour d’eux des harems très nombreux, n’était un adepte de la théologie chiite et, par conséquent, aucun d’entre eux ne pouvait être accusé d’avoir profité de la loi du mariage à durée déterminée pour former son harem.
Les sultans chiites, bien qu’ils se fussent abrités derrière cette loi pour trouver une excuse à leurs pratiques, n’ont jamais atteint le niveau des pratiques des califes abbassides et des sultans ottomans. Ceci montre clairement que la formation de harems était le résultat d’autres facteurs sociaux qui n’avaient rien à voir avec la loi du mariage à durée déterminée.
Source: MUTAHARI. Mortadhã, Les Droits de la femme en Islam, Traduit par al-Bostani, éd. Ansariyan, Téhéran, 2002, PP.236-238.
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