Désintéressement déconseillé
Concernant l’observance de tout ce que j’ai dit, retiens une chose: Ne te tiens jamais, même pour un temps minime, à l’écart des gens, car s’écarter des gens, c’est ignorer leurs affaires, c’est développer chez le gouvernant une fausse perspective et le rendre incapable de distinguer ce qui est important de ce qui ne l’est pas, ce qui est correct de ce qui est erroné, le vrai du faux. Après tout, le gouverneur est un homme, et il ne peut se faire une vision correcte de ce qui est hors de la vue.
La vérité n’a pas de signe distinctif nous permettant de distinguer les différentes variétés de vérités et d’erreurs. En fait tu dois être l’une de ces deux choses: ou bien tu es juste, ou bien tu es injuste. Si tu es juste, dans ce cas tu ne te tiendras pas à l’écart des gens; au contraire, tu les écouteras et tu satisferas leurs exigences.
Dans le cas opposé où tu serais injuste, les gens eux-mêmes se tiendront à l’écart de toi. En tout cas, le désintéressement dans ce sens est déconseillé, surtout lorsqu’il est de ton devoir de t’occuper des besoins des gens. Les plaintes d’oppression présentées contre tes administrateurs et les réclamations pour demander justice, ne doivent pas t’indisposer.
Sois certain qu’il y a dans ton entourage immédiat des gens qui exploitèrent leur position pour s’approprier ce qui appartient à autrui et commettre des injustices. Enraie chez eux cette tendance et fixe-toi comme règle de conduite de ne jamais rien accorder, pas même un petit morceau de terrain, à l’un de tes proches. De cette façon, ils seront prévenus contre toute velléité de porter préjudice aux intérêts des autres, et tu éviteras en même temps d’être l’objet du mécontentement et des hommes et d’Allãh.
Rends justice loyalement et sans te soucier du fait que l’intéressé soit un de tes proches ou non. Si l’un de tes proches ou de tes compagnons viole la loi, prononce contre lui le châtiment prescrit par la loi, même si cela t’est très pénible personnellement. Ce faisant, tu auras agi pour le bien de l’Etat. Si jamais les gens te soupçonnent d’être injuste envers eux sur n’importe quel plan, divulgue-leur le fond de ta pensée, et disculpe-toi de la sorte. De cette façon, ton esprit sera en harmonie avec le sens de la justice, et les gens se mettront à t’aimer. Cela exaucera ton désir de jouir de leur confiance.
Une partie de la lettre de l’Imam ‘Ali à Mãlik Al-Achtar
Source: Un groupe de savants, La Rationalité de l’Islam, Édité par Abbas Ahmad al-Bostani, Publication de la Cité du Savoir, Canada
Articles Relatifs:
Des audiences publiques
Les pauvres
Le commerce et l’industrie
L’établissement administratif
Les revenus de l’administration