Chimie et alchimie
En arabe, un même mot les désigne: kimiyã. Les pratiques alchimistes sont souvent perçues tantôt comme du charlatanisme, tantôt comme un balbutiement de la chimie moderne. Or, il faut distinguer deux dimensions de l’alchimie: l’une technique, dont certaines expériences en pharmacopée ou en métallurgie sont à l’origine de notre science de la matière; l’autre, spirituelle, qui n’est pas un ancêtre de notre positivisme, mais une science de l’âme, qui prend pour support symbolique une opération chimique ou la pratique d’un métier (céramique, métallurgie ou autres).
L’alchimie repose sur la correspondance entre la transformation d’une matière et une recréation spirituelle du psychisme et du corps.
L’accomplissement spirituel est une transmutation: l’âme, impure comme du plomb, devient pure et lumineuse comme de l’or. Héritée de l’Antiquité, la distillation a été perfectionnée par les savants musulmans. Les connaissances chimiques ont permis la création du savon, des huiles essentielles, des cosmétiques. Le pétrole ou le naphte, que l’on pouvait trouver affleurant sur le sol, était déjà exploité depuis l’Antiquité. Le pétrole était alors utilisé pour calfater les navires, imperméabiliser des constructions ou rendre les flèches inflammables. Des lampes à pétrole du IIe mil. ont été retrouvées à Dezful.
Jãbir Ibn Hayyãn est l’un des alchimistes les plus connus. Surnommé Geber par le Moyen Age, il vécut en Irak au VIIIe s. Le VIe Imam des chiites (Jafar) aurait été son maître. On lui attribue des centaines de traités sur les arts techniques et hermétiques et plusieurs inventions, tels que l’acide nitrique, le sel alcali ou le nitrate d’argent. Mais pour lui, l’alchimie est surtout une connaissance spirituelle de la création, de l’âme et de Dieu.
Source: RINGGENBERG. Patrick, Guide culturel de l’Iran, éd. Rowzaneh, Téhéran, 2005, P.112.