La céramique
La céramique est l’un des plus beaux arts de l’Islam et de l’Iran, parfois largement méconnu et sous-estimé, et qui se mesure aisément aux productions chinoises ou européennes.
La poterie islamique va hériter de multiples apports: égyptien, gréco-romain et byzantin à l’ouest, mésopotamien et persan à lest.
L’influence de la Chine sur les débuts de la céramique islamique est discutée, mais les fouilles de Suse ont mis à jour des pièces qui attestent d’une continuité entre les périodes sãssãnide et omeyyade. La céramique musulmane prend son envol sous les Abbassides dès le VIIIe s. Plusieurs techniques révolutionnaires font leur apparition, sans doute à Bagdad: la faïence, la pâte tendre (composée de 75 à 80% de silice), le lustre métallique.
Suse, Neyshãbur, Rey, Dãmqãn et Sirãf sont quelques-uns des premiers centres de production en Iran
A l’époque seldjoukide, la céramique s’épanouit, les centres de production se multiplient, des innovations se répandent: le lustre métallique, notamment, produit à Kãshãn. Entre le XIIe et le XIIIe s., l’Iran crée des pièces typiques appelées minai ou haft rang.
Elles sont composées de sept couleurs, d’où leur nom {haft = sept; rang = couleur): le bleu, le vert, le brun, le rouge, le noir, le blanc et l’or, avec des nuances pour les trois premières. Aux XIIIe et XIVe s., les lãjvardinas possèdent un décor moins coloré que les minais, et qui s’épanouit sur un fond généralement bleuté (lãjvard est le bleu du lapis-lazuli).
Malgré les ravages de leur intrusion, les Mongols poursuivent les traditions seldjoukides. Ils introduisent de nouvelles formes: des bouteilles en forme de poires à long col et des bols profonds. Ils apportent aussi quelques influences de Chine, comme les céladons (des pièces monochromes vert clair) ou des symboles (le phénix et le lotus). Avec les Timourides (XIVe-XVe s.), le décor architectural en céramique prend son essor, alors que les céramiques objets portent surtout un décor peint en noir ou en bleu.
On attribue tantôt à la Chine tantôt au Proche-Orient l’origine d’un modèle portant un décor en bleu sur fond blanc.
Ces céramiques «bleu et blanc», aux motifs inspirés souvent de Chine, constitueront une grande partie de la production au temps des Safavides ’1501-1732). Durant cette période, on produit également des pièces monochromes, blanches ou céladon, ainsi que des céramiques polychromes, aux thèmes surtout animaliers. A l’époque qãjãre, le décor «bleu et blanc» décline, les objets s’enrichissent de nombreuses couleurs, et les productions reçoivent l’influence des porcelaines de France, de Vienne ou d’Angleterre.
Bol (technique minai) Rey, XIIIe s. Musée National de l’Iran
Source: RINGGENBERG. Patrick, Guide culturel de l’Iran, éd. Rowzaneh, Téhéran, 2005, PP.166-167.