Le décor
L’un des caractères principaux de l’art islamique est le décor qui orne aussi bien l’architecture que les arts mobiliers, selon les mêmes principes de style, de rythme et de thème.
L’Islam a proscrit l’image figurative dans les arts spirituels, publiques et officiels, tels que les mosquées, ou les monnaies.
Aussi, les artistes ont-ils développé un décor abstrait, qui peut être calligraphique, floral ou géométrique et dans lequel apparaissent ponctuellement des motifs animaliers. Embellissement de la matière, le décor est aussi un réseau de symboles plus ou moins codés.
Pour l’Islam, et pour la culture persane depuis des millénaires, tout ce qui vit sous le ciel est symbole de l’Invisible.
La fonction du décor prolonge la nature symbolique de notre univers, en transcrivant par la beauté d’une arabesque ou de l’écriture une connaissance de Dieu et de l’Homme. Les symboles peuvent recevoir des interprétations multiples (savantes ou populaires, rationalistes ou mystiques), qui sont toujours le reflet de leur interprète et qui jamais n’épuisent la vie des significations. Les décors sont ainsi des révélateurs de l’âme et un rideau transparent tendu entre l’il et l’Esprit. Ils sont aussi un miroir de beauté, qui peut dévoiler à chacun la profondeur de son regard et la forme de son amour.
Le décor épigraphique
Dans l’architecture, un décor calligraphique est fréquemment sculpté dans le stuc, le bois ou la pierre, composé en mosaïque de céramiques ou peint avec de l’émail sur de la terre cuite. On peut y lire aussi bien des versets coraniques et des noms saints (Allãh, Mohammad, ’Ali) en arabe, que des poèmes, des proverbes, des formules ou des dédicaces, soit en arabe soit en persan.
Le décor floral
L’art islamique a repris les motifs végétaux de l’art sãssãnide (palmettes, fleurons), grec et romain (feuilles de vignes ou d’acanthe, rinceaux, etc.), mais il a transformé leur naturalisme en jeu d’arabesques stylisées. Plus qu’une végétation précise, cette polyphonie à la fois cristalline et organique évoque un jardin d’Eden, une musique pure et une floraison contemplative. A l’époque abbãsside, la Perse développa un style d’une rare élégance et d’une finesse virtuose. Lorsque les Mongols eurent apporté des échos esthétiques de Chine, les ornements végétaux devinrent plus réalistes, moins angulaires et stylisés, et s’enrichirent de motifs chinois comme la pivoine et le lotus. Dès l’époque safavide (XVIe s.), les éléments floraux seront omniprésents dans les tapis et les textiles, les céramiques, les miniatures, les Corans.
De cette époque vient une sensibilité toujours actuelle pour des styles ornés, fleuris et délicats. Ces décors floraux sont comme les reflets d’un paradis surnaturel, que le Coran décrit comme un jardin de lumière, où coule de l’eau pure, où rien ne meurt et ne dépérit: un paradis qui est à la fois le monde le plus intime de l’âme, et le rayonnement universel de la beauté divine.
Source: RINGGENBERG. Patrick, Guide culturel de l’Iran, éd. Rowzaneh, Téhéran, 2005, PP.131-132