Evolution des maisons de café depuis le XVIe siècle (4)
Les Safavides ont favorisé le développement des arts et de la culture en Iran. Les cafés étaient construits selon une architecture qui n’a quasiment pas évolué de l’époque safavide à l’époque qãjãre. Malgré cela, comme beaucoup de grands monuments qui datent de cette époque, les maisons de café se sont développées et beaucoup enrichies.
Sous le règne de Nãsser Shãh, le café devint très populaire. Dans la plupart des villes iraniennes, chaque quartier comptait au moins un café. Pendant cette même période, marquée par de nouvelles évolutions politiques et socioculturelles, le café s’est doté pour la première fois d’une fonction sociale importante: il est devenu un lieu d’échange intellectuel et politique. C’est pour cette raison que sous le règne nassérien, plusieurs cafés de la capitale ont été fermés, ayant été jugés dangereux pour l’ordre public.
Les maisons de café se sont agrandies, leur taille étant liée à la situation financière du propriétaire. Ils étaient souvent construits à proximité les uns des autres et formaient un ensemble. Au centre du café, il y avait généralement un bassin rempli d’eau pour agrémenter l’ensemble:
"Les maisons de café étaient très vastes avec des murs propres et blancs, on y avait accès des quatre côtés. On a construit la plupart des cafés, de la même forme et de la même grandeur, l’un à côté de l’autre, de telle façon à ce qu’il n’y ait aucun mur ou rideau entre eux et de l’intérieur de l’un on pouvait voir l’intérieur de l’autre. De cette manière, l’on pouvait croire qu’ils faisaient un ensemble. Autour des cafés, on construisait des estrades et des terrasses (pourvues d’arcs décoratifs) couvertes de tapis, où les clients et les spectateurs s’installaient. Le soir on allumait les nombreux lustres qui étaient suspendus au plafond. Au milieu de la salle principale du café, il y avait un bassin rempli d’eau pure et claire." [1]
La principale décoration du café traditionnel était constituée par quelques rangs de céramique étroite colorée et quelques tableaux de scènes de guerre ou de chasse du Shãhnãmeh accrochés au mur. Des narguilés étaient disposés partout dans le café et de nombreuses lanternes étaient accrochées pour enrichir le décor. Plus tard, lors de l’apparition de l’électricité, des lustres ont remplacé les lanternes et ont amélioré l’éclairage. Les banquettes étaient disposées pour le confort des clients ainsi que des bancs pour les spectateurs du naqqãl qui pouvaient consommer du thé ou du café tout en assistant aux représentations.
L’espace de la représentation était composé d’une estrade construite à cet effet. Le naqqãl commençait habituellement son récit sur cette estrade. Cette scène était généralement située soit à l’endroit le plus haut soit au centre pour que les spectateurs se placent tout autour du conteur ou encore au fond du café pour que les spectateurs s’asseyent sur deux ou trois de ses côtés.
Dans le café, les places étaient réparties selon les individus. Les clients du café étaient principalement des hommes. Théoriquement, les femmes auraient pu y entrer mais cela ne faisait pas partie des traditions de l’époque.
Note:
[1] Falsafi, Nasrollãh,
«Darbãre-ye qahveh va qahveh-khãneh» [A propos du café et la maison de café], inSokhan, n° 5, Téhéran, 1954, P. 261.
Source: Teheran.ir