L’art en Iran à l’époque seldjoukide (2)
En céramique, de nombreux objets admirables proviennent de cette période. Comme en architecture, l’art de la céramique rend compte d’une variété d’écoles régionales, qui ont leurs propres styles et techniques. En plus, l’abondance de ces objets témoigne que la poterie fine possédait une place particulière dans l’art de l’époque.
De la région de Kermãn proviennent ainsi des carreaux lustrés d’un rouge profond typique. Mais les céramiques les plus coûteuses étaient fabriquées à Kãshãn. D’autres centres importants de l’art de la poterie furent Rey et Neyshãbour.
La peinture émaillée en bleu et noir était aussi populaire comme l’était l’art du livre: l’enluminure. Nombreux sont les Corans seldjoukides illustrés et de haute qualité qui ont été conservés.
Ces Corans sont remarquables par leurs magnifiques frontispices en pleine page ou sur double page et par leur page de colophon, faite de panneaux où les inscriptions, en naskh ou coufique, jouent un rôle primordial. Ces inscriptions de bénédiction deviennent en effet une norme dans presque tous les arts. D’autres livres sont illustrés de scènes narratives (prises pour la plupart du Shãhnãmeh de Ferdowsi), de tableaux de courtisans, d’animaux, de thèmes du zodiaque, des scènes de chasse, de banquets, de musique, etc.
En ce qui concerne les objets en métal, nous avons à l’époque le perfectionnement de la technique du damasquinage à base de métaux différents, du cuivre, de l’argent, de l’or et une substance noire bitumineuse, qui donnaient ensemble un magnifique effet de polychromie. Grâce à cette technique, originellement de la région du Khorãssãn, les objets en métal étaient décorés de scènes figuratives élaborées, ce qui permettait de remplacer le métal précieux par du métal vil. Raison pour laquelle ces objets damasquinés ont survécu en grandes quantités (parce que leur métal n’avait pas assez de valeur pour être fondu).
Il reste à préciser le rôle du mécénat dans l’expansion de l’art seldjoukide. Celui-ci sort de la cour pour recevoir une dimension nouvelle, à savoir populaire, ce qui peut s’expliquer par l’essor de la richesse urbaine et une économie active. [1]
L’art seldjoukide révèle en ce sens les goûts du peuple, donnant ainsi une coupe transversale de la société de l’époque. La production riche et variée, surtout dans l’art de la céramique et celui des objets en métal, fait preuve de l’existence d’un mécénat exercé à un niveau plus vaste que celui de la cour et des amirs; il s’agit du mécénat des marchands, des membres de la classe savante et des professionnels. Ainsi, nous pouvons dire que la plupart des objets étaient probablement fabriqués pour le marché. Pour ce qui est de l’architecture, elle impliquait des sommes d’argent beaucoup plus importantes, le mécénat comprenant ainsi les gens de haut rang. D’où l’inscription dans les mosquées et les mausolées du nom des sultans seldjoukides eux-mêmes.
L’époque seldjoukide a été, à n’en pas douter, l’une des plus riches en matière de production artistique, dans l’histoire de l’art musulman, mais aussi iranien.
Note:
[1] Il est curieux de voir que nous sommes à la même époque, en Occident, témoins de l’expansion de ce phénomène, lequel est de son côté l’œuvre de l’essor de l’urbanisme et du développement culturel et économique des pays européens; facteurs qui contribuent au développement de l’art roman en Europe occidentale.
Source: Teheran.ir