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  • 11/5/2010
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Au pays des animaux muets (1)

   Article d’Afsãneh Pourmazãheri et de Farzãneh Pourmazãheri publié dans la Revue de Téhéran en octobre 2006.

   Elle nous regarde fixement. Quelle importance…? Nous passons notre chemin. Mais de nouveau, les mêmes beaux yeux nous suivent. Nous l’apercevons et nous détournons la tête. Ses perles noires ont l’air triste. Quelques secondes passent. C’est vrai! Nous sommes la cible de nombreux regards. Cette belle gazelle n’est pas seule au milieu de ses congénères, appartenant à diverses races animales.

Le tigre sibérien, le paon indien, le rhinocéros d’Afrique, l’onagre de Perse, … tous sont ses compagnons mais aucun ne bouge. Ils sont inertes et pourtant si vivants, figés pour l’éternité.

   Dans cette salle qui fait office d’habitat pour ces animaux venus d’ailleurs, la mer, le désert et la forêt ont perdu leurs véritables proportions. Le lieu en question est en fait le Musée de La Nature Sauvage, à n’en pas douter l’un des musées les plus exceptionnels de l’Iran.

le musée de la nature sauvage

   Après nous être dirigées vers le nord de Téhéran, en direction de Dar?b?d, nous montons une rue pour nous approcher d’une grande grille joliment forgée. A chacun de nos pas le panorama de la capitale émerge de plus en plus devant nos yeux. La cour pittoresque du musée voisine avec les montagnes d’Alborz dont l’air frais afflue vers les visiteurs du site. Ici la pollution urbaine n’a pas encore gagné droit de cité. Les gens sont attroupés autour des volières, en particulier près de la cage réservée aux paons où ces derniers exhibent leur riche parure de plumes multicolores. Une voie pavée bordée d’arbres et de fleurs conduit au bâtiment central du musée.

A l’intérieur, dans la première salle, sont exposés des animaux tel que des boas, un tigre bengalais et d’autres animaux empaillés [1] du sud-est de l’Asie, de l’Europe et de l’Amérique du nord, au nombre desquels on distingue également le chamois et l’ours brun. Dans la deuxième et la troisième salle, on peut admirer une collection riche et variée de volatiles et de mammifères venant des quatre coins de l’Iran; le chacal doré, la hyène rayée, le mouton Urial, l’onagre de Perse et le guépard d’Asie, la race de ces deux derniers étant malheureusement en voie d’extinction.

Une peau de tigre iranien vieille de 58 ans est étalée à même le sol, au centre de la salle. L’esturgeon de la Caspienne, de quatre mètres de longueur, est assurément le principal trophée [2] de cette aile du musée.

   La quatrième salle comprend des mammifères d’Afrique, le plus fameux étant un puissant et majestueux rhinocéros. Dans la sixième salle, on peut observer des poissons de mer et d’eau douce qui nagent librement derrière les vitres des aquariums, lesquels imitent remarquablement les silencieux fonds marins. Dans une serre assez large cohabitent amicalement des oiseaux divers et variés dont, entre autres, des moineaux, des canards, des faisans et des cygnes. La présence d’animaux vivants et d’animaux morts fait de ce musée l’un des plus singuliers au monde, comparable à celui du Mexique.

le musée de la nature sauvage

   On monte alors des escaliers pour retrouver, du côté droit des marches, un gigantesque serpent assoupi au milieu d’une jungle artificielle. Long de près de deux mètres, il est, sans doute, le reptile le plus grand du musée.

   Au deuxième étage, plus aucune trace d’animaux. Ce niveau comprend des fossiles, des minéraux, des pierres précieuses et des dioramas [3] qui rendent compte de certaines étapes de la création de l’univers. Il s’agit de la septième salle, la salle de géologie et de paléontologie. A gauche, une centaine de fossiles est rangée dans des vitrines. Le plus ancien est vieux de 1200 millions d’années.

C’est une algue bleu verdâtre nommée Stromatolite. Cette collection de fossiles est le fruit d’une quarantaine d’années de travaux et de recherches réalisés par le Dr. Méïssami. Juste au milieu de la salle des spécimens, divers minéraux et pierres précieuses sont placés sur des tables, parmi lesquels le quartz, le sulfure, la calcite, la turquoise, l’opale et le lapis-lazuli.

  Chose particulièrement intéressante, on y découvre aussi le moule d’un fossile de dinosaure végétarien appartenant à l’ère jurassique, découvert dans la province de Kermãn. Il pèse 500 kg et mesure 6 mètres. La partie principale de la salle représente d’impressionnants dioramas relatifs au système solaire, et à l’évolution de la vie sur terre au cours des différentes ères.

Notes:

[1] Empailler: remplir de paille le corps d’un animal mort afin qu’il conserve sa forme originale.

[2] Trophée: animal tué à la chasse.

[3] Diorama: panorama en trois dimensions.

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