Rey
Cette petite ville, aujourd’hui dans la banlieue sud de la capitale, eut une importance historique considérable. Elle est située dans une zone fertile occupée à l’époque néolithique déjà (~Ve mil.). A la croisée des routes entre l’ouest et l’est du pays, elle fut une étape de la route de la soie.
Mentionnée dans la Bible (Tobie 1,14), Rey l’est aussi dans l’Avestã: Ahurã Mazdã en fit un lieu sacré de la Perse. Appelée Raghã ou Raghès dans l’Antiquité, elle joua un rôle dans l’histoire achéménide, séleucide et Sãssãnide.
A l’époque islamique, elle devint un centre de production important de céramiques et un foyer de culture, où sont nés plusieurs hommes célèbres comme le calife abbasside Hãrun al-Rashid ou le philosophe et médecin Razès.
Cité brillante et renommée sous les Abbãssides, elle déclina dès le XIe s. avant d’être détruite par les Mongols en 1220. Rey ne fut redécouverte qu’au XIXe s. Outre des céramiques, les archéologues ont retrouvé les vestiges de plusieurs mausolées et d’une grande mosquée.
De l’ancienne cité de Rey, on peut encore voir les ruines restaurées d’une citadelle préislamique. Située sur une colline, elle surplombe la source d’eau de Cheshm-e Ali.
Les gens y lavent les tapis, en particulier avant le Norouz, car l’eau posséderait la vertu de faire briller les couleurs. Au-dessus de la source, dans la roche, le Qãdjãr Fath Ali Shãh fit graver un relief à la place d’un relief Sãssãnide: on peut voir le souverain assis sur un trône, entouré de dignitaires, dans une iconographie qui tente de renouer avec l’art des reliefs Sãssãnides et Achéménides. De l’autre côté de la colline, Fath Ali Shãh avait fait graver un autre relief, aujourd’hui disparu.
La tour Toghrol est le principal vestige islamique de Rey. Cette tombe circulaire au plan étoile fut construite en 1139 pour l’un des principaux souverains seldjoukides, Tughrol 1er. Malheureusement, le toit a disparu et des «restaurations», au XIXe s., ont fait disparaître ses décors.
Aujourd’hui encore, Rey conserve une importance spirituelle particulière. Un descendant du IIe Imam Al-Hassan, Hazrat-e Abd-ol Azim, fut assassiné en 860 dans la ville: son beau mausolée, près du bazar, est toujours un haut lieu de pèlerinage.
Dans sa forme actuelle, il date de l’époque Qãdjãre et abrite encore deux autres tombes d’Imãmzãdehs.
A l’extérieur de la ville, le mausolée de Bibi Shahrbãnu est construit à flanc de montagne. En dépit d’une fondation ancienne, les bâtiments, maintes fois restaurés au cours des siècles, ne présentent guère d’intérêt. Le tombeau revêt pourtant une grande importance: la tradition dit qu’il appartient à une fille du dernier roi Sãssãnide Yazdegerd III, épouse de l’Imam Al-Hussayn. Cette union manifeste une constante de la culture iranienne: inclure l’héritage du passé préislamique dans la foi et l’histoire d’un Islam iranien.
Au sud de Rey, sur la route de Qom, un grand caravansérail (Deir-e Gachin) témoigne de l’importance d’une route de pèlerinage qui, par Rey, reliait les tombeaux des Imams Al-Ali et Al-Hussayn en Irak au tombeau du VIIIe Imam à Mashhad. Il fut fondé par les Seldjoukides (XIIe s.) et restauré sous les Safavides (1501-1732). Au sud-est de Rey, sur la route de Varãmin, se dressent les restes partiellement restaurés d’un palais Sãssãnide, construit sur une colline (Tapeh Mil).
Source: RINGGENBERG. Patrick, Guide culturel de l’Iran, éd. Rowzaneh, Téhéran, 2005, PP.258-259.
Articles Relatifs:
Facultés et Universités de la province de Téhéran
Le mont Damãvand
La ville de Damãvand
Tour Azãdi
Varãmin
Galeries Relatives:
Galerie des images de Tour Azãdi
Galerie des images de l’ancien Téhéran (2)
Galerie des images du mont Damãvand(1)
Galerie des images du mont Damãvand (2)